Royaume-Uni: élections à haut risque pour les conservateurs au pouvoir

Les élections partielles de ce jeudi 20 juillet sont un véritable test pour le gouvernement conservateur du Premier ministre britannique Rishi Sunak.. AFP or licensors

Dans la tourmente face à la crise sociale, le gouvernement conservateur britannique de Rishi Sunak affronte ce jeudi trois élections partielles difficiles et à haute valeur de test en vue des législatives de l’année prochaine.

Le 20/07/2023 à 07h05

Habituellement, ce type de scrutin mobilise peu les électeurs, mais l’enjeu de ces élections partielles s’annonce considérable. Les résultats donneront en effet le ton de l’année électorale qui s’annonce, aussi bien pour la majorité que pour les travaillistes, en pole position pour entrer à Downing Street en 2024.

Trois sièges de députés, dans des circonscriptions considérées comme des bastions conservateurs, sont renouvelés le même jour. Vu les sondages calamiteux pour les «Tories» après 13 ans de pouvoir, tous sont susceptibles de basculer dans l’opposition. C’est le cas ainsi de la circonscription londonienne de l’ex-Premier ministre Boris Johnson qui a démissionné avec fracas du Parlement en raison des suites du «partygate», le scandale des fêtes à Downing Street.

À Uxbridge et South Ruislip, dans l’ouest de Londres, les travaillistes semblent bien placés pour l’emporter, même s’ils sont pénalisés par l’impopulaire extension prochaine de la taxe sur les véhicules polluants, décidée par la mairie Labour.

Le parti de centre-gauche espère également gagner à Selby et Ainsty, circonscription dans le Yorkshire (nord de l’Angleterre), dont le député Nigel Adams a claqué la porte dans la foulée de Boris Johnson, dont il est un allié.

Dans le sud-ouest de l’Angleterre, à Somerton et Frome, ce sont en revanche les centristes du Parti libéral-démocrate qui semblent les mieux placés pour remplacer David Warburton, victime de sa consommation de cocaïne.

Popularité au plus bas

Trois défaites constitueraient un camouflet pour Rishi Sunak, 43 ans, entré à Downing Street en octobre dernier après les départs forcés de Boris Johnson, emporté par les scandales, et de l’éphémère Liz Truss, vite délogée après avoir provoqué une panique financière avec ses baisses d’impôt non financées. L’ex-banquier d’affaires a semblé apporter au départ un semblant de stabilité et de professionnalisme mais les nuages se sont rapidement amoncelés.

Rishi Sunak ne cesse de répéter travailler à ses priorités -notamment réduire l’inflation, résorber les files d’attente à l’hôpital et lutter contre l’immigration illégale. Mais les résultats se font attendre et sa cote de confiance est tombée cette semaine au plus bas depuis son arrivée à la tête du gouvernement, avec 65% des Britanniques qui ont une opinion défavorable selon l’institut YouGov.

Grèves et remaniement

Une année de surinflation a plombé le pouvoir d’achat des Britanniques, contraints à de lourds sacrifices. Les grèves se sont multipliées et les élections de jeudi coïncident avec des grèves des cheminots et des médecins du système public de santé, qui s’enfonce dans la crise. Dernier symbole du délabrement du National Health Service (NHS), la BBC a révélé mercredi que des enfants pouvaient patienter jusqu’à 18 mois pour des services dentaires nécessitant une anesthésie.

La hausse des taux d’intérêt étrangle les ménages, dans un pays où les taux des prêts immobiliers sont rarement fixes. Mince consolation: l’inflation a ralenti plus que prévu le mois dernier, à 7,9% sur un an. Mais elle reste la plus élevée des pays riches du G7.

Renforçant l’idée d’une défaite annoncée de la majorité aux législatives prévues d’ici à la fin 2024, le ministre le plus populaire, Ben Wallace, à la Défense, a annoncé la semaine dernière qu’il rejoignait la cinquantaine de députés qui ne veulent pas se représenter.

Il compte aussi quitter le gouvernement au prochain remaniement, attendu en septembre. A moins que Rishi Sunak renouvelle son équipe dès cette semaine pour reprendre l’initiative après les scrutins de jeudi, comme l’a laissé entendre Ben Wallace.

En face, le Labour, largement en tête des sondages, se prépare au pouvoir, sous la houlette de Keir Starmer qui a recentré sa formation après la période plus à gauche de Jeremy Corbyn.

Devenu un chantre de la responsabilité budgétaire, il s’est cependant attiré les foudres d’une partie de ses troupes cette semaine en s’opposant à de meilleures aides sociales aux familles nombreuses. Et considéré peu charismatique, il est personnellement jugé défavorablement par la majorité des Britanniques.

Par Le360 (avec AFP)
Le 20/07/2023 à 07h05