Toutes les discussions sont orientées menus, recettes, préférences et protocoles culinaires…
Mais une ombre plane sur notre sérénité. Outre la cherté des aliments due au Covid-19 et à la guerre en Ukraine, une sévère sécheresse. Le spectre des coupures d’eau nous guette, malgré les gigantesques efforts de l’État pour l’éviter.
Lors du ramadan, les Marocains passent de longues heures devant la télévision. Les images de l’horreur subie par les Palestiniens font partie du programme.
2,2 millions de Palestiniens forcés à se déplacer. Plus d’un million entassés à Rafah, petit espace dont la population est 5 fois plus nombreuse qu’avant la guerre. Le plus grand déplacement des populations qu’on ait connu.
1.160 morts dans l’attaque du Hamas contre Israël, 250 otages, dont près de la moitié libérée. 31.000 morts palestiniens, dont 5.350 enfants. Plus de 80.000 blessés, dont 12.300 enfants, qui n’ont plus d’hôpitaux. Plus de 17.000 enfants séparés de leurs parents et des milliers portés disparus.
Des kilomètres parcourus à pied, avec comme seuls biens ce que les mains peuvent porter. Tout a été détruit: maisons, moyens de subsistance, hôpitaux. Les blessés, les malades, les femmes qui accouchent et les bébés sont à l’abandon. Pas d’eau, ni électricité, pas de médicaments.
Des scènes d’horreur et des témoignages cauchemardesques de pères, mères, vieillards, enfants.
Le plus grand danger qui guette cette population à part la mort sous les bombes et de longues agonies sans soins, c’est la famine!
Une des scènes les plus douloureuses est une tragique bousculade lorsque des dizaines de Palestiniens se sont rués sur les camions chargés d’aliments, envoyés par Israël. 100 personnes écrasées dans les bousculades ou tuées par les balles de ceux mêmes qui leur distribuaient l’aide!
Plus traumatisantes sont les scènes d’enfants rampant sur le sol, ramassant dans leurs petites mains frêles de la farine tombée des sacs, mélangée à de la terre, enfouie tel un précieux butin. Des mères montrant aux caméras du monde le pain qu’elles cuisent, avec de la farine mélangée à la terre.
L’aide s’organise lentement et ne pourra empêcher la famine. J’espère me tromper…
Le Maroc est engagé dans le largage d’aides humanitaires par avion, mais les besoins sont énormes et les couloirs terrestres pour acheminer l’aide, plus efficaces, sont bloqués par Israël. Une voie maritime est ouverte, mais les bateaux mettent du temps en navigation, contrairement aux camions. Espérons qu’ils arriveront à temps.
Mais voilà que Maroc surprend le monde en étant le premier pays à envoyer ses avions à Tel-Aviv chargés d’aides humanitaires, et surtout à utiliser la voie terrestre directe pour acheminer ces aides à la population de Gaza. Une opération exceptionnelle, un exemple qui prouve que la voie diplomatique avec Israël peut éviter la famine aux Palestiniens.
L’ONU a qualifié la destruction massive par Israël de violation grave du droit international et de crime de guerre. S’il n’y a pas de cessez-le-feu, ce sera un génocide. Une catastrophe humanitaire sans précédent.
Des voix s’élèvent à travers le monde pour que le cauchemar cesse, y compris en Israël. Mais la destruction massive de Netanyahu continue, implacable. Les USA, si actifs en Ukraine, au nom de la démocratie et des droits de l’Homme, continuent à fournir les armes à Israël et à lui demander un cessez-le-feu! L’Union européenne est quasi absente.
Gaza est entièrement en ruine. Il faudrait combien d’années pour retrouver un semblant de stabilité?
Combien d’années pour absorber la colère de cette population et surtout de ses enfants et adolescents traumatisés à vie? Une colère qui ne peut se traduire que par la haine et la vengeance dont toute la planète subit et subira encore les conséquences.
Face à ce drame, quel que soit le côté duquel on se range, on ne peut qu’être scandalisé.
Imaginons que l’Égypte ait accueilli cette population. Les Arabes du Golfe ont les moyens de financer, dans le Sinaï, un accueil décent.
Israël est le seul État au monde qui continue à coloniser. Les familles israéliennes qui occupent un territoire arraché aux familles palestiniennes s’attendent à quoi?
Le Hamas, en perpétrant ce massacre, s’attendait à quoi? A-t-il pensé aux représailles d’un État fort, soutenu par les puissances? Vous me diriez que c’est de la résistance et que la violence est le seul moyen de se défendre? Je n’en suis pas convaincue.
Où est le gouvernement palestinien? Où est Mahmoud Abbas? Où sont les puissants pays du Golfe?
Toutes les tentatives pour stabiliser la région ont été torpillées, y compris par les gouvernants palestiniens qui adoptaient la politique du tout ou rien: Israël doit partir et nous céder notre territoire.
Une utopie dont les Palestiniens payent les frais aujourd’hui. Il n’y aura jamais de paix dans cette région, surtout après ce massacre. Par contre, la pression devrait être mise sur toutes les parties concernées directement ou indirectement pour une solution à deux États. Si cette solution avait été adoptée depuis les années 60, les Palestiniens auraient eu une vie plus décente, plus sécurisée, évitant à leurs enfants de vivoter dans des camps de réfugiés, à l’horizon bouché, menacés par les bombes.
Que ce mois sacré nous comble de sagesse, de sérénité, dans un univers de paix.
Puisse-t-il apporter de la clémence à ce peuple meurtri par un autre peuple qui, lui-même, a souffert de persécution et de massacres.