Quand les camionneurs de Tindouf tentent de forcer la frontière mauritanienne

Camions de "commerçanrs" sahraouis bloqués par la douane mauritanienne à Bir Moghreïn.

Camions de commerçanrs sahraouis bloqués par la douane mauritanienne à Bir Moghreïn. . DR

Après avoir vainement protesté contre la décision des autorités mauritaniennes d’assujettir les marchandises en provenance de Tindouf à des droits de douane, les commerçants du Polisario mettent en place de nouveaux subterfuges pour entrer illégalement en Mauritanie.

Le 18/10/2018 à 12h45

La semaine dernière, des camionneurs au service des responsables du Polisario se sont rassemblés, avec leurs marchandises, dans une zone tampon située entre le mur de défense marocain et la frontière mauritanienne au niveau de la cité minière de Zouerate, où ils avaient l’habitude de débarquer leurs cargaisons sans payer un seul sou au Trésor mauritanien. Ils comptaient ainsi protester contre l’instauration des droits de douane, entrés en vigueur depuis le 9 octobre courant au niveau du passage frontalier entre l’Algérie et la Mauritanie.

Cette protestation inédite contre une décision souveraine de la Mauritanie pouvait créer des tensions entre la direction du Polisario et Nouakchott. Les dirigeants du Polisario ne veulent visiblement pas irriter les autorités mauritaniennes, mais ils veulent encore moins renoncer à leur substantiel négoce consistant à vendre à des prix défiant toute concurrence une partie de l’aide alimentaire, destinée aux réfugiés sahraouis des camps de Tindouf, dans le nord de la Mauritanie. Ils ont donc trouvé la parade.

Samedi dernier, ces camions ont finalement été priés manu miltari par certains militaires du Polisario de quitter la zone à proximité de Zouerate et de regagner les camps de Tindouf. Or il ne s’agissait là que d’une diversion visant à tromper la vigilance des garde-frontières mobiles mauritaniens qui surveillaient à distance ces camionneurs afin de les empêcher de s’infiltrer en territoire mauritanien. Arrivés au niveau de la ville la plus au nord de la Mauritanie, à savoir Bir Moghreïn, ils ont été rejoints dimanche dernier par certains de leurs clients mauritaniens. Avec des voitures tout-terrain, ces derniers ont tenté de faire passer en catimini et au compte-gouttes les cargaisons des camionneurs sahraouis mais les patrouilles de l’armée mauritanienne les en ont empêchés.

Un autre subterfuge a fait également chou blanc, lorsque deux camions sahraouis ont réussi à passer «légalement» au niveau du poste frontalier grâce à une autorisation dûment signée par les autorités administratives de Bir Moghreïn. Mais dès leur entrée dans cette ville, les camions ont été immobilisés par les douanes qui ont exigé le paiement des taxes dues, faute de quoi les camions et leurs marchandises seront confisqués et leurs chauffeurs présentés à la justice.

Lundi 15 octobre, deux autres camions ont été interceptés par une patrouille militaire mauritanienne pour entrée illégale dans le pays. Remis à la douane, ils ont été condamnés à payer une amende de 4.500.000 ouguiyas (environ 130.000 dirhams), malgré la présentation de ce qu’ils appellent des «documents administratifs les autorisant à traverser le territoire mauritanien.» Résultat de cette amende: les médias séparatistes crient au scandale, à des «mesures non légitimes».

On ne peut qu’être surpris par la ténacité avec laquelle les commerçants du Polisario veulent par tous les moyens acheminer leur marchandise en Mauritanie. C’est presque de la rage! L’on comprend dès lors l’intérêt des dirigeants du Polisario et de leurs protecteurs algériens à maintenir le conflit du Sahara. C’est qu’ils en profitent. Et le commerce avec la Mauritanie n’est que la partie visible de l’iceberg.

Il n’est pas à écarter qu’à ce dangereux jeu du chat et de la souris, les commanditaires de ces commerçants, qui ne sont autres que les dirigeants du Polisario, ne finissent par pousser les camionneurs à un clash avec les forces de sécurité mauritaniennes qui n’acceptent plus l’entrée au pays en dehors des passages frontaliers légaux.

Par Mohammed Ould Boah
Le 18/10/2018 à 12h45