Proche-Orient: le Hezbollah riposte par des frappes sur Israël après le bombardement intense du sud du Liban

Des gens assistent à un discours télévisé du chef du mouvement chiite libanais Hezbollah, Hassan Nasrallah, depuis un café à l'entrée du camp de Sabra pour les réfugiés palestiniens dans la banlieue sud de Beyrouth, le 19 septembre 2024. AFP or licensors

L’armée israélienne a affirmé que plus de 100 projectiles avaient été tirés depuis le Liban dimanche matin sur Israël, au lendemain d’intenses raids d’avions de combat israéliens contre le fief du Hezbollah au sud du Liban. Parallèlement, des groupes armés pro-iraniens revendiquent d’autres tirs de drone sur Israël depuis l’Irak.

Le 22/09/2024 à 06h39

«Environ 85 projectiles ont été identifiés comme traversant le territoire israélien depuis le Liban» peu après 06H00 (03H00 GMT), et «environ 20» lors d’une salve précédente, peu avant 05H00 du matin, a expliqué l’armée dans un communiqué.

Des roquettes ont également été tirées au cours de la nuit, selon l’armée, tandis que le service d’urgence israélien Magen David Adom a indiqué dans un communiqué que quatre personnes avaient été blessées par des éclats d’obus au cours de la nuit, dont trois près de Haïfa, ville du nord d’Israël.

Les échanges de tirs transfrontaliers, quotidiens depuis des mois entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste Hezbollah au Liban, sont de plus en plus fréquents et intenses. Le Hebzollah affirme soutenir ainsi son allié palestinien du Hamas en guerre contre Israël dans la bande de Gaza.

Cette riposte intervient après que des dizaines d’avions de combat israéliens ont mené des bombardements intenses samedi contre le sud du Liban, fief du Hezbollah, au lendemain d’une frappe d’Israël qui a décapité l’unité d’élite du mouvement libanais et fait au total 37 morts.

Des groupes armés pro-iraniens revendiquent des tirs de drone vers Israël depuis l’Irak

Les groupes armés pro-iraniens qui forment «la Résistance islamique en Irak» ont revendiqué dimanche dans un communiqué des tirs de drone vers Israël, qui a de son côté annoncé avoir intercepté «plusieurs objets volants suspects» venus d’Irak.

Au cours de la nuit, «plusieurs objets volants suspects» se sont approchés d’Israël depuis l’Irak, a déclaré l’armée, ajoutant qu’ils ont été interceptés et qu’aucun blessé n’a été signalé.

«Les combattants de la Résistance islamique en Irak ont visé dimanche matin une cible stratégique dans nos territoires occupés, en utilisant des drones», selon le communiqué publié sur l’application Telegram par cette coalition de formations armées pro-iraniennes, assurant agir «en résistance à l’occupation», une référence à Israël, et «en soutien à notre peuple à Gaza».

La situation se détériore

Cette escalade, qui fait craindre une guerre à grande échelle, a poussé le Premier ministre libanais Najib Mikati à annuler son déplacement à l’ONU à New York en appelant «à la fin des terribles massacres israéliens».

Face à «la nature imprévisible du conflit en cours», les États-Unis ont «exhorté» samedi leurs ressortissants au Liban à quitter le pays «tant que des options commerciales restent disponibles».

Le Hezbollah, puissant acteur politique et militaire au Liban, a ouvert un front avec le voisin israélien en «soutien» au Hamas, son allié, au lendemain du début de la guerre à Gaza déclenchée par une attaque d’une ampleur inédite du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023.

Cette guerre ne connaît pas de répit, la Défense civile ayant annoncé samedi la mort de 21 personnes dans un bombardement israélien sur une école abritant des milliers de déplacés.

Israël a juré de détruire le Hamas à Gaza et a multiplié ces dernières semaines les frappes et menaces contre le Hezbollah dont les tirs de roquettes contre le nord d’Israël, même si la grande majorité est interceptée, ont contraint des dizaines de milliers d’habitants à fuir.

Maintenant la pression militaire, l’armée israélienne a annoncé samedi soir avoir «lancé une vaste attaque dans le sud du Liban après avoir identifié des préparatifs du Hezbollah pour tirer» sur Israël. «Des dizaines d’avions» sont engagés dans l’opération, selon elle.

Plus tôt, elle a affirmé avoir ciblé dans la même zone «des milliers de rampes de lancement» de roquettes «prêtes à être utilisées» pour tirer contre Israël.

Le mouvement libanais a lui dit avoir tiré des dizaines de roquettes vers des positions militaires dans le nord d’Israël. «Environ 90», selon Israël. La chute de roquettes a provoqué incendies et dégâts.

Bipeurs «piégés»

Coup sur coup cette semaine, le Hezbollah, un mouvement financé et armé par l’Iran, ennemi juré d’Israël, a été la cible de spectaculaires attaques.

Mardi et mercredi, des appareils de transmission –bipeurs, talkies-walkies– utilisés par des membres du Hezbollah ont explosé dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l’est du Liban, des bastions du Hezbollah. Bilan: 39 morts et 2.931 blessés selon les autorités libanaises.

Le Hezbollah et Beyrouth ont accusé Israël qui n’a pas commenté.

L’utilisation d’appareils «piégés» ayant l’apparence d’objets «inoffensifs» pourrait constituer un «crime de guerre», a dénoncé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.

Vendredi, Israël a revendiqué une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth qui a fait au moins 37 morts, des commandants du Hezbollah, mais aussi des civils dont des femmes et trois enfants, selon les autorités libanaises.

Cette frappe a rasé un immeuble dans une zone densément peuplée.

Elle a, selon une source proche du Hezbollah visé, dans le sous-sol d’un immeuble, une réunion du commandement de l’unité Radwan, force d’élite du mouvement, dont 16 membres ont été tués. Parmi eux, Ibrahim Aqil, le chef de l’unité, et Ahmed Mahmoud Wahbi, chargé d’opérations militaires jusqu’au début de cette année.

«Infiltrés»

Ibrahim Aqil était recherché par Washington pour son implication dans les sanglants attentats anti-américains de Beyrouth en 1983. Il est le deuxième haut commandant militaire du Hezbollah éliminé par Israël depuis octobre 2023, après Fouad Chokr le 30 juillet, également dans une frappe dans la banlieue sud de Beyrouth.

«Nos objectifs sont clairs et nos actions parlent d’elles-mêmes», a déclaré, après la frappe de vendredi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

La veille, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a averti que «le front du Liban avec Israël restera ouvert jusqu’à la fin de l’agression à Gaza».

Selon Aram Nerguizian, du Center for strategic and international studies (CSIS), les services de renseignements israéliens ont réussi à «infiltrer» et «déstabiliser» le Hezbollah.

Raid meurtrier à Gaza

Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, la défense civile a fait état de 21 morts dont «13 enfants et six femmes» dans une frappe sur l’école Al-Zaytoun à Gaza-ville (nord).

L’armée israélienne a affirmé avoir «mené une frappe ciblée sur des terroristes qui opéraient» dans l’école Al-Falah, adjacente à celle d’Al-Zaytoun.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza depuis 2007, est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne,

Le 7 octobre 2023, il a mené dans le sud d’Israël une attaque qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens, qui inclut les otages morts ou tués en captivité à Gaza. Sur les 251 personnes enlevées pendant l’attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.

Au moins 41.391 Palestiniens ont été tués dans l’offensive israélienne à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.

À Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens ont de nouveau manifesté samedi soir pour réclamer à leur gouvernement un accord qui permettrait la libération des otages.

Par Le360 (avec AFP)
Le 22/09/2024 à 06h39