Pétrole: l’effet du coup de force de l’Opep+ s’essouffle-t-il déjà?

Un puits de pétrole au Texas, aux États-Unis. (Photo d'illustration)

Pratiquement stables hier mardi 4 avril, les cours du pétrole n’ont pas capitalisé sur les annonces de coupes de production de membres de l’alliance Opep+. «Le rebond du brut est rentré dans un mur», commentait un analyste, indiquant que le marché s’inquiétait davantage de la demande que de l’offre.

Le 05/04/2023 à 09h48

Les cours du pétrole ont terminé quasi-stables hier mardi 4 avril, incapables de capitaliser plus avant sur les coupes de production surprises annoncés par plusieurs membres de l’alliance Opep+, le marché s’inquiétant davantage de la demande que de l’offre.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a gagné un petit cent, pour clôturer à 84,94 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, a quant à lui grappillé 0,36%, à 80,71 dollars. Plus tôt, les deux variétés de référence de l’or noir avaient cédé plus de 1%, avant de se redresser en fin de séance.

L’annonce, peu avant la clôture, du redémarrage, en France, de la raffinerie Esso-ExonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, à l’arrêt depuis le 25 mars, a aidé les cours à finir dans le vert, mais l’humeur restait morose. «Les partisans d’une hausse étaient bien positionnés dimanche soir, mais je pense qu’ils ne sont plus aussi confiants aujourd’hui», a commenté Stephen Schork, analyste et auteur du Schork Report.

«Une possible récession»

L’annonce, dimanche dernier, d’une réduction volontaire de production de 1,16 million de barils par jour, initiée par huit membres du cartel formé par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés de l’accord Opep+, avait fait décoller les cours lundi. Brent et WTI avaient ainsi terminé en hausse de plus de 6% chacun.

Mais pour Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, ce choc infligé à l’offre est «éclipsé par un malaise général lié à une possible récession qui a saisi le marché». Les économistes tablaient déjà, avant l’annonce, sur un ralentissement de l’économie, probablement accéléré par la crise bancaire.

Plusieurs indicateurs macroéconomiques américains publiés ces deux derniers jours les ont confortés dans cette idée, notamment l’indice d’activité ISM dans le secteur manufacturier en mars, ressorti lundi bien en-deçà de ce qui était attendu et témoignant d’une contraction de l’économie.

«Réduire la production» comme entendent le faire certains membres de l’alliance Opep+, «parce que vous pensez que la contraction de la demande va la faire descendre en-dessous de l’offre, ce n’est pas forcément de nature à faire monter les cours», selon Stephen Schork.

L’analyste a relevé que les options de vente sur le pétrole (contrat qui permet de garantir un prix de vente) valaient plus cher, mardi, que les options d’achats, témoignant d’un manque de conviction des opérateurs sur un élan prolongé. «Le rebond du brut est rentré dans un mur, car le pessimisme gagne le marché, qui voit l’économie américaine aller vers une récession», a expliqué, dans une note, Edward Moya, d’Oanda.

L’essoufflement des cours a été, en outre, accentué par la signature d’un accord permettant la reprise, dès mardi, des exportations de pétrole depuis le Kurdistan irakien, un dossier qui bloquait le transport de millions de barils depuis dix jours.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/04/2023 à 09h48