«Perpétuité réelle» pour la meurtrière de Lola, première femme condamnée en France à cette peine maximale

Croquis d'audience du 17 octobre 2025 montrant Dahbia Benkired lors de son procès pour le meurtre de Lola, à la cour d'assises de Paris.. AFP or licensors

L’Algérienne Dahbia Benkired est devenue vendredi la première femme condamnée en France à la perpétuité incompressible ou «réelle», peine maximale prévue, pour avoir tué en 2022 Lola Daviet, 12 ans, après l’avoir violée et torturée.

Le 25/10/2025 à 08h09

La peine avait été exigée le matin par l’avocat général, devant la cour d’assises de Paris, pour «assurer la protection de la société, prévenir la commission de nouvelles infractions et restaurer l’équilibre social».

Le président de la cour a souligné lors de l’énoncé du verdict «l’extrême cruauté des faits criminels», «de véritables supplices», «totalement déshumanisés».

«La cour, pour fixer la peine juste, a pris en compte le préjudice psychologique indicible causé à la victime et à la famille dans des circonstances aussi violentes et presque innommables», a-t-il ajouté.

«On croyait à la justice et à l’a eue», a réagi Delphine Daviet, la mère de la victime. «On a restauré la mémoire de ma sœur et de sa fille, on a restauré la vérité. Et surtout merci à la justice», a pour sa part commenté le frère de la victime, Thibault Daviet.

Depuis son instauration en 1994, la «perpétuité réelle» n’avait jusqu’alors été prononcée en droit commun qu’à la rencontre de quatre hommes.

Est-ce l’impassibilité de Mme Benkired durant les débats et, surtout, ses bribes d’explications incohérentes, fluctuantes et contredites par des éléments objectifs de l’enquête qui ont guidé cette sévérité?

Six jours d’audience n’ont quoi qu’il en soit pas permis de distinguer les véritables mobiles, ni le processus qui l’a fait passer à l’acte.

«Risque de récidive»

À l’époque âgée de 24 ans, marquée par une précarité sociale certaine, Mme Benkired vivait par intermittence chez sa sœur à Paris.

Le 14 octobre 2022, elle a attiré sous la contrainte Lola, la fille des gardiens de la résidence, dans son appartement.

Dans un huis clos de quelque 97 minutes, elle l’a ensuite violée, torturée puis tuée en lui obstruant les voies respiratoires avec du ruban adhésif.

S’en était suivie une fuite erratique, chargée d’une malle dans laquelle elle avait placé le corps de la fillette.

Lors du procès, trois experts psychiatres ont à la fois exclu toute pathologie de l’accusée qui aurait pu l’exempter de sa responsabilité pénale, en dépit de traits de personnalité «psychopathiques», et ont insisté sur leurs réserves quant à la possibilité de soins.

«Aucun traitement médicamenteux ne saurait essentiellement transformer la personnalité de Mme Benkired», a estimé l’avocat général.

«Le risque de la récidive, il est maximum du fait de ces traits de personnalité, du fait de l’absence de traitement adapté», a-t-il ajouté.

À l’entame de son réquisitoire, le représentant de l’accusation avait cité Albert Camus, «Un homme, ça s’empêche». Mais, observait-il à propos de l’accusée, «la violence, elle ne s’arrête pas; les limites, elle vont sauter: Dahbia Benkired, elle ne s’empêche pas, elle ne s’empêche plus».

«Dignité» de la famille

Le crime avait durablement marqué l’opinion publique.

Des premières heures de l’affaire jusqu’aux marches du palais de justice, l’extrême droite française s’est emparée de ce drame, mettant en exergue la situation irrégulière en France de l’accusée. À l’image de Marine Le Pen, selon laquelle «la justice ne s’est pas dérobée», les dirigeants d’extrême droite ont unanimement salué la décision de la cour.

Dans sa plaidoirie jeudi, l’une des avocates de la famille de la victime s’était voulue sans ambiguïté: ce sont bien les proches de Lola les «seuls gardiens de sa mémoire», elle qui était «trop jeune pour servir les débats haineux», alors que «ce qu’elle aimait, c’était manger des crêpes et faire de la gym».

Au cours du procès, le président de la cour, Julien Quéré, a tenu à saluer l’immense «dignité» de la mère et du frère de Lola, alors que le père avait succombé quelques mois après le drame d’un chagrin noyé dans de vieux démons.

L’avocat de la défense s’était pour sa part penché sur le passé de Mme Benkired, marqué par les violences, notamment sexuelles. Elle a dix jours pour faire appel.

Par Le360 (avec AFP)
Le 25/10/2025 à 08h09