Ils étaient plusieurs milliers à répondre, ce dimanche 12 mars 2023 à Paris, à l’appel lancé par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie pour une marche dont l’objectif était de dénoncer l’oppression dont les militants de la cause amazighe font l’objet de la part du pouvoir algérien. Parmi, des militants de ce même Mak. En cause, cette fois-ci, de récents jugements à l’issue de procès ubuesques contre le mouvement et ses partisans.
Le 7 mars dernier, le tribunal de Dar-El-Beida à Alger a en effet condamné Bouaziz Ait-Chebib à 6 ans de prison, Lounes Hamzi à 5 ans, Farid Ahmed Said à 3 ans et Kamira Nait Sid à 2 ans. Leur tort, défendre le droit de la Kabylie à l’autodétermination. Ferhat Mehenni, patron du Mak, Hanafi Ferhouh, Abderrahmane Merzoug, Slimane Kadi et Jughurta Louerguioui, autres dirigeants du mouvement, ont, eux, été condamnés à perpétuité. Jughurta Louerguioui a été jugé et condamné alors qu’il est décédé au mois de décembre dernier.
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Cette manifestation a eu lieu alors que le Mak se voir conforté dans sa cause par les Etats-Unis. Paru cette semaine, le dernier rapport sur le terrorisme au titre de 2021 du département d’Etat américain rappelle que «les autorités algériennes ont ciblé plus fréquemment le Mouvement séparatiste berbère pour l’autodétermination de la Kabylie et le mouvement islamiste Rachad, que le gouvernement a désignés comme organisations terroristes en mai». Or, «les États-Unis considèrent que ces désignations sont motivées davantage par des considérations politiques que sécuritaires, car les deux mouvements sont très critiques à l’égard du gouvernement et ne semblent pas avoir commis ce que les États-Unis définissent comme actes de terrorisme». Moralité: les procès intentés par le régime algérien relèvent du «politique» et ne peuvent en aucun cas justifier des extraditions. Les jugements prononcés n’engagent donc en rien et doivent être abrogés.
On retiendra qu’un blocage n’a été opposé à la marche de Paris et que, juridiquement comme sur le terrain, elle a été autorisée par les autorités françaises. Une telle «tolérance» ne manquera certainement pas d’attiser la rage des autorités algériennes qui n’ont visiblement toujours pas digéré l’exfiltration, par les services français et depuis la Tunisie, de la journaliste franco-algérienne Amira Bouraoui, objet d’une interdiction de quitter le territoire algérien. Le déroulement de la manifestation pose une nouvelle fois la question sur la partie qui soutient effectivement le Mak. Est-ce la France qui en accueille les dirigeants et grandes figures ou, là encore, le Maroc, accusé d’en faire le lit ou, mieux, d’avoir provoqué les feux de forêts de l’été dernier en Kabylie pour déstabiliser un régime qui en profité pour rompre les derniers fils diplomatiques avec le Royaume? La réponse est, évidemment, dans la question.