«La solution à deux États est en danger de mort», a alerté le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui copréside avec l’Arabie saoudite cette réunion aux Nations unies, prévue jusqu’à mercredi. Mais «il n’existe pas d’alternative» à cette voie, qui «permet de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens».
«Après 22 mois de tentatives infructueuses, il est illusoire d’espérer un cessez-le-feu pérenne sans dessiner une vision commune de l’après-guerre à Gaza, sans tracer un horizon politique et une alternative à l’état de guerre permanent», a-t-il ajouté.
Cette conférence a toutefois été vivement critiquée par les États-Unis. Le Département d’État a dénoncé une initiative «improductive et inopportune», assimilée à un «coup de publicité» au milieu «d’efforts diplomatiques délicats visant à mettre fin au conflit». De son côté, Israël a accusé l’initiative de «renforcer une illusion».
«Point de rupture»
Après l’annonce, jeudi, du président français Emmanuel Macron qu’il reconnaîtrait formellement l’État palestinien en septembre, la conférence convoquée par l’Assemblée générale de l’ONU espère enclencher une dynamique en ce sens.
Selon les vérifications de l’AFP, au moins 142 des 193 États membres de l’ONU — en comptant la France — reconnaissent désormais l’État palestinien, proclamé en 1988 par la direction palestinienne en exil.
D’autres «pays occidentaux» devraient faire connaître leur intention de reconnaître l’État palestinien cette semaine, a assuré M. Barrot, sans les nommer. À l’issue de la première journée, seul le Luxembourg a laissé entendre qu’il pourrait emboîter le pas à la France en septembre.
En 1947, une résolution de l’Assemblée générale de l’ONU avait prévu le partage de la Palestine alors sous mandat britannique en deux États indépendants, l’un juif et l’autre arabe. L’année suivante, l’État d’Israël était proclamé.
Depuis plusieurs décennies, une large majorité de la communauté internationale soutient le principe d’une solution à deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité.
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Mais après plus de 21 mois de guerre à Gaza, l’extension continue de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités d’annexion exprimées par certains responsables israéliens, la crainte que la création d’un État palestinien ne soit désormais physiquement impossible gagne du terrain.
«Nous sommes à un point de rupture. La solution à deux États est plus éloignée que jamais», a insisté le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. «Soyons clairs: l’annexion insidieuse de la Cisjordanie est illégale — cela doit cesser. La destruction à grande échelle de Gaza est intolérable — cela doit cesser», a-t-il martelé.
« Platitudes »
La conférence se concentre également sur trois autres axes: la réforme de la gouvernance de l’Autorité palestinienne, le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance palestinienne, ainsi que la normalisation des relations avec Israël par les États arabes ne l’ayant pas encore reconnue.
Le Premier ministre palestinien, Mohammad Mustafa, a affirmé à la tribune de l’Assemblée générale que l’Autorité palestinienne était prête à assumer la responsabilité de Gaza. «Le Hamas doit rendre son contrôle sur la bande de Gaza et remettre ses armes à l’Autorité palestinienne», a-t-il plaidé.
Aucune annonce de normalisation avec Israël n’est toutefois attendue cette semaine, selon une source diplomatique française.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, a répété que «la normalisation avec Israël ne peut passer que par l’établissement d’un État palestinien».
La pression internationale continue de s’intensifier sur Israël pour mettre fin à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas le 7 octobre 2023.
La catastrophe humanitaire dans ce petit territoire ravagé était au cœur des discours des représentants ayant pris la parole lundi, même si Israël a annoncé dimanche une pause quotidienne des combats à des fins humanitaires dans certains secteurs.
Dans ce contexte, «plus de platitudes sur la solution à deux États et le processus de paix n’aideront ni à atteindre les objectifs de la conférence, ni à arrêter l’extermination des Palestiniens à Gaza», a lancé Bruno Stagno, de Human Rights Watch, appelant à des sanctions contre Israël.












