Les célèbres récompenses (médecine, physique, chimie, littérature, paix, économie) seront décernées entre les 7 et 14 octobre à Stockholm et Oslo.
Temps fort de la semaine, le Nobel de la paix, attribué le 11 octobre, n’a jamais été aussi difficile à prévoir, tant les catastrophes se multiplient sur la planète.
Dan Smith, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), penche pour une «année blanche». Ne pas attribuer le prix donc, comme cela a été le cas à 19 reprises dans son histoire plus que centenaire, la dernière fois en 1972, en pleine guerre du Vietnam.
«Peut-être est-il temps de dire: +oui, beaucoup de gens travaillent très dur, mais sans résultat et il faut que plus de personnes et de dirigeants mondiaux se réveillent et réalisent que nous sommes dans une situation extrêmement dangereuse+», dit-il à l’AFP.
«Nous avons maintenant plus de 50 conflits armés à travers le monde. La létalité de ces conflits armés a considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies», ajoute-t-il.
Mais à Oslo, une telle perspective, vécue comme un constat d’échec, paraît exclue.
«Un candidat digne du prix»
«Je suis convaincu qu’il y aura encore une fois un candidat digne du prix de la paix cette année», affirme à l’AFP le secrétaire du comité Nobel, Olav Njølstad. Cette année, 286 candidatures ont été soumises, même si les noms sont gardés sous scellés pendant 50 ans.
En 2023, le Nobel de la paix était allé à la militante iranienne pour les droits des femmes, Narges Mohammadi, emprisonnée dans son pays.
Si les experts s’arrachent les cheveux pour prédire un vainqueur cette année, nombre des -rares- candidatures annoncées publiquement ont trait au Moyen-Orient, reflétant l’actualité.
L’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) et les organisations de défense des droits palestinienne Al-Haq et israélienne B’Tselem ont ainsi été proposées, sans que cela en fasse nécessairement des favoris.
Face au risque existentiel que représentent pour l’Humanité les systèmes d’armement capables de fonctionner de manière autonome sans contrôle humain, plusieurs experts des prix Nobel citent aussi la coalition d’organisations non gouvernementales Stop Killer Robots comme possible lauréat.
Surprise pour la littérature?
Attribué le 10 octobre, le prix Nobel de littérature, autre prix phare, fait comme chaque année l’objet de spéculations.
L’autrice avant-gardiste chinoise Can Xue, souvent comparée à Kafka pour l’atmospère à la fois irréelle et sombre qui imprègne ses romans et nouvelles, est fréquemment citée par les critiques littéraires.
Elle figure en tête des sites de pari. Son style expérimental oscille entre l’utopie et la dystopie, et transforme le mondain en surréel.
«Je crois que ce sera une femme originaire d’une région linguistique non européenne», pronostique pour l’AFP Björn Wiman, chef du service culturel du quotidien Dagens Nyheter.
Le dernier lauréat chinois remonte à 2012, quand l’Académie suédoise avait sacré Mo Yan.
Le comité aime régulièrement surprendre.
Cette année, «le choix du lauréat prendra l’élite culturelle à contrepied», avance Björn Wiman.
Difficile de savoir comment se décident les 18 membres de l’Académie, qui gardent le secret autour des écrivains Nobélisables.
D’autres noms habituels circulent dans les cercles littéraires, comme ceux du romancier australien Gerald Murnane, du Britannique Salman Rushdie, de l’écrivaine américano-antiguaise Jamaica Kincaid, mais aussi de la poétesse canadienne Anne Carson, du Hongrois Laszlo Krasznahorkai ou encore du Japonais Haruki Murakami.
L’an dernier, le prix avait été remis au dramaturge Norvégien Jon Fosse.
La saison des Nobel s’ouvrira lundi avec les prix scientifiques, d’abord la médecine, suivi de la physique mardi et de la chimie mercredi.
La recherche sur la génétique du métabolisme des lipides, les études sur les ganglions de la base - parties du cerveau associées au contrôle de la motricité et des émotions -, découverte de l’empreinte génomique - qui a permis de mieux comprendre le développement des mammifères - sont évoqués par les pronostiqueurs pour le prix de médecine.
L’édition 2023 avait couronné les travaux de la chercheuse hongroise Katalin Kariko et de son collègue américain Drew Weissman dans le développement de vaccins à ARN messager, décisifs dans la lutte contre le Covid-19.
Après la littérature jeudi et la paix vendredi, la saison des Nobel s’achèvera avec le prix d’économie lundi 14, seul à ne pas avoir été crée par le célèbre inventeur suédois Alfred Nobel (1833-1896).
Les lauréats obtiendront un chèque de 11 millions de couronnes (plus de 970.000 euros), à partager en cas de multiples gagnants.