L’ancien président républicain (2017-2021) a promis de «guérir» l’Amérique devant ses partisans réunis en Floride. Le chef des républicains à la Chambre des représentants a d’ores et déjà félicité le «président élu» Donald Trump.
Le dépouillement est encore en cours dans de nombreux bureaux de vote, mais une défaite de sa rivale démocrate Kamala Harris semble de plus en plus probable au fur et à mesure que les Etats décisifs tombent dans l’escarcelle du tribun de 78 ans.
La chaîne Fox News l’a déjà déclaré vainqueur de l’élection. Il s’agit du seul média dans l’immédiat à accorder la victoire finale à l’ancien président, mais les signaux allant dans le sens du plus extraordinaire retour qu’ait connu la politique américaine n’ont cessé de s’accumuler ces dernières heures. Le président français Emmanuel Macron a d’ailleurs félicité Trump, sans attendre le décompte final.
De nombreux autres chefs d’Etat ont suivi. L’empressement des dirigeants étrangers à le féliciter trahit la fébrilité de bien des capitales, où le souvenir des crises à répétition de son premier mandat reste vif. La Chine a déclaré mercredi espérer une « coexistence pacifique » avec les Etats-Unis au moment où les projections donnent la victoire probable de l’élection présidentielle américaine à Donald Trump face à Kamala Harris. «Nous continuerons à aborder et à gérer les relations Chine-Etats-Unis sur la base des principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération mutuellement bénéfique», a déclaré une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning, lors d’un point de presse régulier.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a adressé ses «chaleureuses» félicitations à Donald Trump et réaffirmé l’importance du «partenariat entre les peuples» européen et américain. «Je félicite chaleureusement Donald J. Trump. L’UE et les États-Unis sont plus que de simples alliés. Nous sommes liés par un véritable partenariat entre nos peuples», a réagi la cheffe de l’exécutif européen sur le réseau social X.
Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a félicité en anglais Donald Trump. «Félicitations @realDonaldTrump pour votre victoire et votre élection comme 47e président des Etats-Unis. Nous travaillerons sur nos relations stratégiques bilatérales et pour un partenariat transatlantique fort», a écrit sur le réseau social X le chef de gouvernement socialiste.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a, lui, parlé de «victoire électorale historique», assurant que la «relation spéciale» entre leurs deux pays continuerait à «prospérer». «Je me réjouis de travailler avec vous dans les années qui viennent. En tant qu’alliés les plus proches, nous nous tenons côte à côte pour la défense de nos valeurs partagées de liberté, de démocratie et de libre entreprise», a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué. «Qu’il s’agisse de croissance et de sécurité, d’innovation et de technologie, je sais que la relation spéciale entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis va continuer à prospérer des deux côtés de l’Atlantique dans les années à venir», a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement britannique, arrivé au pouvoir en juillet, avait rencontré Donald Trump à New York fin septembre, en présence du chef de la diplomatie britannique David Lammy.
Pour sa part, le chancelier allemand Olaf Scholz a assuré vouloir oeuvrer aux côtés des Etats-Unis «pour promouvoir la prospérité et la liberté». «Ensemble, l’Allemagne et les Etats-Unis collaborent depuis longtemps avec succès pour promouvoir la prospérité et la liberté des deux côtés de l’Atlantique. Nous continuerons à le faire pour le bien de nos concitoyens», a déclaré le chancelier sur X.
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a, elle, loué l’alliance «inébranlable» entre l’Italie et les Etats-Unis, félicitant le «président élu Donald Trump». «En mon nom et au nom du gouvernement italien, les plus sincères félicitations au président élu des Etats-Unis Donald Trump. L’Italie et les Etats-Unis sont des nations soeurs liées par une alliance inébranlable, des valeurs communes et une amitié historique. C’est un lien stratégique que, j’en suis convaincue, nous renforcerons davantage encore», a-t-elle écrit.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué, dans un communiqué à l’adresse de Trump, «le plus grand retour de l’Histoire». «Votre retour historique à la Maison Blanche offre un nouveau commencement pour l’Amérique et un réengagement puissant dans la grande alliance entre Israël et l’Amérique», a-t-il ajouté en concluant: «C’est une énorme victoire!».
Lors de son précédent mandat, Trump a multiplié les gestes en faveur d’Israël, déplaçant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnaissant la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien occupé et contribuant à la normalisation des liens entre Israël et plusieurs pays arabes avec les accords d’Abraham.
L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, dont le pays est médiateur dans la guerre dans la bande de Gaza et accueille la plus grande base américaine au Moyen-Orient, a félicité Donald Trump. «Nous nous réjouissons de travailler à nouveau ensemble (...) pour faire progresser nos efforts communs en faveur de la sécurité et de la stabilité, tant dans la région qu’au niveau mondial», a écrit cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, sur son compte X.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant lui évoqué une «impressionnante victoire» qui aidera l’Ukraine à obtenir une «paix juste».
«J’apprécie l’engagement du président Trump en faveur de l’approche +la paix par la force+ dans les affaires mondiales. C’est exactement le principe qui peut concrètement rapprocher l’Ukraine d’une paix juste», a réagi Zelensky. Trump a martelé à maintes reprises pouvoir imposer une paix en Ukraine en «24 heures», sans jamais expliquer comment, mais en décriant l’ampleur de l’aide versée à Kiev pour résister à l’invasion russe. Il a aussi tenu des propos laudateurs à l’égard de Vladimir Poutine.
Le candidat républicain a été donné vainqueur en Géorgie, en Caroline du Nord et surtout en Pennsylvanie, le plus crucial des sept Etats décisifs, face à la vice-présidente démocrate, selon des projections de médias américains.
Pour l’instant, Donald Trump avec 266 grands électeurs, contre 195 pour Kamala Harris. Il lui en faut 270 pour gagner. Autre inconnue: va-t-il, comme il l’assure déjà, gagner la majorité des voix à l’échelle nationale, ce que n’a jamais fait un candidat républicain depuis vingt ans?
«Anxieuse»
L’ambiance n’a cessé de s’assombrir pendant la soirée à l’université historiquement noire de Howard, à Washington, où s’étaient réunis les partisans de Kamala Harris. Cette dernière a renoncé à s’exprimer dans l’immédiat, mais doit prendre la parole plus tard, selon un conseiller.
De festive, l’atmosphère est devenue très tendue, a constaté une journaliste de l’AFP. Charlyn Anderson, une électrice quittant les lieux, confie: «J’ai peur, je suis anxieuse maintenant. J’arrive à peine à bouger mes jambes.» Dans les autres Etats ayant déjà livré leurs résultats définitifs, aucune surprise.
Les deux candidats ont engrangé selon les médias une série d’Etats qui leur étaient promis: le Texas, le Kentucky, la Virginie-Occidentale, la Floride, le Missouri, l’Oklahoma, le Mississippi ou la Louisiane pour l’ancien président républicain. New York, l’Illinois, la Californie, le Massachusetts, le Colorado et la capitale Washington pour la vice-présidente démocrate.
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Kamala Harris, espérait devenir la première femme élue présidente, face à un adversaire condamné au pénal, visé par de multiples poursuites, et qui n’a jamais reconnu sa défaite en 2020.
Le monde entier
Le monde entier attend l’issue du duel, au terme d’une campagne inouïe marquée par l’entrée en lice fracassante de Kamala Harris en juillet après le retrait du président Joe Biden, et par deux tentatives d’assassinat visant Donald Trump. Derrière ces deux candidats, se sont rangées deux Amériques apparemment irréconciliables, chacune persuadée que l’autre camp mènerait le pays au désastre.
La vice-présidente de 60 ans a peint son rival en dictateur «fasciste» en puissance et en danger pour les droits des femmes. Donald Trump a décrit son adversaire comme une dirigeante faible et «bête», laxiste face à l’immigration illégale et la criminalité.
A travers le pays, la tension qui entoure le scrutin est visible: dans certains bureaux de vote transformés en forteresses, dans les hautes barricades qui entourent la Maison Blanche. Les républicains ont repris le contrôle du Sénat américain jusqu’ici aux mains des démocrates. Le sort de la Chambre des représentants n’est pas encore connu.
La question très polarisante de l’avortement fait aussi l’objet de plusieurs référendums. Dans l’un des plus suivis, en Floride, une proposition visant à réinstaurer la possibilité de réaliser un avortement jusqu’à environ 24 semaines de grossesse, au lieu de six actuellement, n’a pas recueilli assez de voix pour l’emporter.