Malgré l’omerta imposée par le régime d’Alger, l’agence américaine AP rend compte de l’inadmissible soif qui règne au centre du pays et de la révolte des habitants

Camion citerne utilisé pour la distribution de l'eau potable en Algérie.

L’invisibilisation par le régime algérien des émeutes contre la pénurie d’eau en Algérie s’essouffle. L’agence de presse américaine Associated Press (AP) s’intéresse de très près à ce grave problème qui augure d’un nouveau Hirak en Algérie. Son constat est implacable. Une honte pour un pays pétrolier et gazier qui se veut «force de frappe», «pays continent» et «puissance africaine».

Le 13/06/2024 à 19h45

Le régime d’Alger continuera-t-il à faire la sourde oreille après une dépêche, lâchée comme une bombe par la plus grande des agences de presse du monde, sur l’inquiétante situation d’approvisionnement en eau potable dans plusieurs localités en Algérie, Tiaret en tête? En effet, Associated Press (AP), dont le siège est établi aux États-Unis, s’est récemment rendu à Tiaret, où elle a constaté les violentes émeutes qui ont éclaté le week-end dernier dans cette ville «frappée par la sécheresse, après que des mois de pénurie d’eau ont asséché les robinets et contraint les habitants à faire la queue pour obtenir de l’eau pour leurs foyers».

«À Tiaret, une ville du centre de l’Algérie de moins de 200.000 habitants située à 250 kilomètres au sud-ouest d’Alger, des manifestants cagoulés ont mis le feu à des pneus et érigé des barricades de fortune pour bloquer les routes afin de protester contre le rationnement de l’eau, selon des photos et des vidéos circulant sur les réseaux sociaux», fait remarquer l’agence américaine fondée en 1846 et présente dans près de 80 pays.

Selon les informations recueillies sur place par les correspondants de l’agence de presse, «la région, située sur un haut plateau désertique semi-aride de plus en plus en proie à des chaleurs extrêmes, tire son eau de trois barrages-réservoirs qui se réduisent à mesure que les températures grimpent et que les pluies diminuent». Un ingénieur agronome leur explique, dans le même sillage, que «les réservoirs sont devenus moins fonctionnels en raison d’une “mort de volume” et sont réduits à 20% de leur capacité».

«Les nappes phréatiques de la région n’ont pas pu se recharger depuis des années en raison de l’absence de pluie», ajoute la même source.

Pendant que les citoyens espèrent toujours des solutions pérennes et efficaces à même de pallier définitivement la pénurie de cette matière vitale, une entreprise publique télécommandée par le régime algérien continue de «transporter par camions de grandes citernes d’eau dans la ville», explique AP, ajoutant que «Tiaret et trois communes environnantes ont souffert de cette pénurie d’eau pendant des mois».

Faisant face à une pénurie d’eau potable inédite et qui ne cesse de s’aggraver depuis des années, et las de constater que leurs griefs n’aboutissent jamais à une solution durable et définitive, les habitants de Tiaret ont choisi, samedi 1er juin 2024, de se soulever contre le régime en place en guise de dernier recours.

Déconcerté par l’étendue des émeutes qui ébranlent sérieusement cette ville située à 264 kilomètres à l’ouest de la capitale Alger, et redoutant un potentiel effet domino identique à celui du Hirak, le président algérien avait réuni, toutes affaires cessantes, un conseil des ministres pour souffler des ordres, le moins que l’on puisse dire, abracadabrantesques, tels que la suppression des témoignages et des vidéos sur les réseaux sociaux et la décision d’invisibilisation des manifestations par les médias à la solde du système. Ces mesures, de toute évidence, n’ont pas produit l’effet escompté.

Par Saad Bouzrou
Le 13/06/2024 à 19h45