«Je peux confirmer que le Royaume-Uni reconnaîtra l’État de Palestine d’ici à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza, convienne d’un cessez-le-feu et s’engage dans une paix durable et à long terme, ravivant la perspective d’une solution à deux États», a déclaré le dirigeant travailliste.
Il demande également à Israël de «permettre aux Nations unies de reprendre la fourniture d’aide» et de «s’engager à ce qu’il n’y ait pas d’annexions en Cisjordanie».
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vivement réagi, estimant que «Starmer récompense le terrorisme monstrueux du Hamas et punit ses victimes».
«Un État jihadiste à la frontière d’Israël aujourd’hui menacera la Grande-Bretagne demain. L’apaisement envers les terroristes jihadistes échoue toujours. Cela échouera pour vous aussi», a écrit M. Netanyahu sur le réseau social X.
«Le moment d’agir»
Parallèlement, Downing Street a annoncé avoir procédé à des largages d’aide humanitaire sur la bande de Gaza, menacée de «famine», selon l’ONU.
La pression s’est intensifiée ces derniers jours sur le Premier ministre britannique, après que le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi que son pays reconnaîtrait un État palestinien à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, devenant ainsi le premier État du G7 à le faire.
«J’ai toujours dit que nous reconnaîtrions un État palestinien comme une contribution à un véritable processus de paix, au moment où cela aurait le plus d’impact pour une solution à deux États. Maintenant que cette solution est menacée, c’est le moment d’agir», a poursuivi Keir Starmer à l’issue d’une réunion de son gouvernement, convoqué en urgence mardi.
Il exige également du Hamas la libération des otages restants — 27 des 49 ont été déclarés morts par l’armée israélienne — ainsi que la démilitarisation complète de ce mouvement, afin qu’il «ne joue plus aucun rôle clé» dans la bande de Gaza.
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Starmer s’est entretenu avec M. Netanyahu avant l’annonce, lui déclarant que «la situation à Gaza était intolérable», selon une porte-parole de Downing Street.
«Il a exhorté le Premier ministre à prendre des mesures immédiates pour lever toutes les restrictions à l’accès à l’aide», a-t-elle ajouté dans un compte rendu de l’appel.
Starmer s’est également entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a «salué» l’annonce de la reconnaissance, a précisé la porte-parole.
La veille, l’ancien président américain Donald Trump s’était abstenu de toute critique à l’égard d’une éventuelle reconnaissance, au cours d’une conférence de presse tenue dans son complexe de golf de Turnberry, en Écosse.
Solution à deux États
Interrogé par des journalistes sur la pression croissante exercée sur Keir Starmer pour qu’il reconnaisse, comme Paris, l’État de Palestine, Donald Trump s’était contenté de répondre:
«Je ne vais pas prendre position, ça ne me dérange pas que lui (Starmer) le fasse.»
Selon le décompte de l’AFP, au moins 142 des 193 États membres de l’ONU — dont la France — reconnaissent l’État palestinien, proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Plus d’un tiers des députés britanniques avaient exhorté M. Starmer à suivre l’exemple de M. Macron dans une lettre rendue publique vendredi.
«La question n’est pas de savoir si l’État palestinien sera reconnu, mais quand», avait déclaré mardi un porte-parole de Downing Street, quelques heures avant l’annonce, ajoutant que le Premier ministre cherchait une voie «durable vers une solution à deux États».
«Ensemble (…) nous enrayons le cycle infini de la violence et rouvrons la perspective de la paix» dans la région, a salué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot peu après l’annonce de Keir Starmer.
Le Labour, revenu au pouvoir au Royaume-Uni il y a un an à la suite des élections législatives, s’était engagé dans son programme à «reconnaître un État palestinien comme contribution à un processus de paix renouvelé aboutissant à une solution à deux États».
En mai 2024, l’Irlande, l’Espagne et la Norvège — rejointes un mois plus tard par la Slovénie — avaient déjà franchi le pas en Europe.
Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
Un organisme international de surveillance de la faim, soutenu par l’ONU, a affirmé mardi que le « pire scénario de famine » était « en cours à Gaza ». Israël fait ainsi l’objet de pressions croissantes à l’échelle mondiale pour mettre fin à ces souffrances.












