L’ex-président Bolsonaro lourdement condamné à 27 ans de prison au Brésil

Jair Bolsonaro, à Brasilia, le 7 octobre 2021. Le rapporteur de la commission parlementaire qui enquête sur sa gestion de la pandémie de Covid-19 a formellement accusé, le 19 octobre, le président brésilien de plusieurs crimes.

Jair Bolsonaro, à Brasilia, le 7 octobre 2021. EVARISTO SA / AFP

L’ancien chef de l’État brésilien d’extrême droite, Jair Bolsonaro, a été condamné jeudi à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État, à l’issue d’un procès historique, malgré les intenses pressions exercées en sa faveur par le président américain Donald Trump.

Le 12/09/2025 à 06h32

Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a presque aussitôt promis des représailles: les États-Unis vont «répondre en conséquence» à cette condamnation «injuste», a-t-il déclaré. Le Brésil a répliqué qu’il ne se laisserait pas «intimider» par ces «menaces».

Par quatre voix contre une, la Cour suprême a déclaré coupable l’ex-président brésilien (2019-2022), âgé de 70 ans, le condamnant à 27 ans et trois mois de prison. Un véritable séisme, à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2026.

M. Bolsonaro, qui a toujours clamé son innocence, a été reconnu chef d’une «organisation criminelle» ayant conspiré pour assurer son «maintien autoritaire au pouvoir» après sa défaite face à l’actuel président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l’élection de 2022.

Selon l’accusation, le complot prévoyait notamment l’assassinat de Lula et n’a pas abouti faute de soutien de la hiérarchie militaire.

Inéligible jusqu’en 2030 et assigné à résidence, M. Bolsonaro n’a pas assisté aux audiences, invoquant des raisons de santé selon sa défense.

L’ancien chef de l’État garde «la tête haute pour affronter cette persécution, parce que l’histoire montrera que nous sommes du bon côté», a réagi son fils aîné, le sénateur Flavio Bolsonaro, devant le domicile paternel à Brasilia.

Le camp conservateur entend mettre «toutes ses forces» pour «unir le Parlement» autour d’un projet d’amnistie incluant son leader, a-t-il ajouté.

«Mourir en prison»

Le procès divise profondément une opinion déjà ultra-polarisée, y compris dans la capitale.

Dans un bar de Brasilia, où l’audience de jeudi était retransmise sur écran géant, applaudissements et cris de joie ont salué la condamnation.

«Après tant d’attente, cet individu exécrable se fait envoyer en prison», a déclaré à l’AFP Virgilio Soares, traducteur.

Dans un climat bien différent, une quinzaine de sympathisants bolsonaristes se sont rassemblés jeudi soir devant le domicile de l’ex-président pour lui témoigner leur soutien.

«Avec l’âge qu’il a, nous savons tous qu’il finira par mourir en prison», a lâché Vantuir Batista, pasteur évangélique de 50 ans. Il a dénoncé un «procès injuste destiné à l’écarter de la course électorale».

L’affaire Bolsonaro est également à l’origine d’une crise sans précédent entre la première puissance d’Amérique latine et les États-Unis.

Dénonçant une «chasse aux sorcières» contre Jair Bolsonaro, Donald Trump a imposé depuis début août une surtaxe punitive de 50% sur une part importante des exportations brésiliennes.

«C’est très surprenant que cela puisse arriver», a réagi le président américain après la condamnation de son allié, la comparant à ses propres déboires judiciaires passés.

Collor, Temer, Lula

C’est la première fois qu’un ancien chef de l’État est condamné pour de tels faits dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985). Sa défense prévoit de déposer des recours.

La Cour suprême a en outre condamné sept anciens proches collaborateurs de M. Bolsonaro, dont plusieurs ex-ministres et généraux, à des peines allant de 2 à 26 ans de prison.

Avec la condamnation de l’ex-président, la bataille pour le leadership à droite en vue de la présidentielle s’annonce acharnée.

Fort d’une popularité renforcée par les attaques américaines, Lula, 79 ans, affiche son intention de briguer un nouveau mandat, se présentant comme le champion de la «souveraineté» brésilienne.

Jair Bolsonaro devient ainsi le quatrième ancien locataire du palais présidentiel condamné depuis le retour à la démocratie, il y a quarante ans.

Avant lui, Fernando Collor de Mello, Michel Temer et Lula (qui avait déjà effectué deux mandats entre 2003 et 2010) ont été condamnés pour corruption. Lula a été incarcéré en 2018-2019, avant que sa condamnation ne soit annulée pour vice de forme.

Par Le360 (avec AFP)
Le 12/09/2025 à 06h32