Le ministère algérien de la Justice aurait-il fait l’objet d’un dataleak, ou fuite de données? C’est en tout cas ce que révèle un expert reconnu en matière de sécurité informatique et répondant au nom de SaxX sur Twitter. Sur cette même plateforme, celui-ci relate avoir été alerté d’une fuite massive de données concernant l’Algérie, plus précisément son ministère de la Justice. L’expert entreprend alors ses recherches. «Verdict: après 3 heures d'investigations, le dataleak est bien confirmé! Le ministère de la Justice algérienne s'est fait hacker! Et avec lui d'autres services adjacents qui offrent la possibilité aux citoyens algériens ou ceux de la diaspora de bénéficier de nombreux services», affirme-t-il.
Parmi les services concernés, figurent le casier judiciaire, le certificat de nationalité, la copie du décret de naturalisation, la carte professionnelle… Autant dire que toutes les données personnelles des justiciables algériens ont fuité alors que certaines parmi elles relèvent du secret d'Etat, censé être protégé par un département régalien comme la Justice. Le leak proprement dit serait survenu le 5 août, mais le piratage des données aurait été opéré entre fin mai et fin juin 2022.
«Il n’y a pas moins de 10 gigas de données très sensibles sur les citoyens algériens mais aussi des mails de ministres, hauts fonctionnaires, qui ont fuité aussi», indique SaxX. Le tout est passé sous silence par les autorités algériennes qui, à ce jour, n’ont aucunement communiqué sur cette affaire. «Sans surprise, je n'ai vu aucune communication publique sur cette fuite de données! Je déplore grandement ce manque de transparence et encore plus le manque d'un cadre légal pour protéger, alerter et contenir toute digression», écrit l’expert.
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Le dataleak montre une fois de plus tout le retard pris par l’Algérie en matière de cybersécurité et de protection des données. Largué, le régime tente tant bien que mal de rattraper le temps perdu et prendre le train en marche. Mais en vain, étant par ailleurs établi qu’on ne peut faire du neuf avec du vieux. Connaissant le fonctionnement de la justice algérienne, qui repose pour beaucoup sur les instructions données par téléphone, le pays n’est pas du tout à l’abri de tout un feuilleton de scandales.
Ce n’est pas la première fois qu’une telle fuite a eu lieu. L’Algérie est le deuxième pays le plus vulnérable en termes de cyberattaques après l’Iran, avec un taux de 31,29% d’Algériens confrontés à des tentatives de piratage, indique un rapport détaillé de la firme Kaspersky dans un rapport sur la cybersécurité dans le monde en 2020. En 2021, les données personnelles de 11 millions de profils algériens sur Facebook ont été volées. Leurs numéros de téléphone, identifiants, noms complets et adresses électroniques ont été mis en ligne sur un forum consacré au piratage, comme l’ont relaté certains médias du pays.