L’attaché militaire de l’ambassade d’Algérie au Royaume-Uni a été déclaré persona non grata. C’est le «Foreign Office» qui l’a signifié, récemment, à l’ambassade d’Algérie à Londres. En effet, le département en charge des Affaires étrangères au Royaume-Uni a notifié à l’ambassade d’Algérie à Londres que le diplomate algérien Ammar, attaché militaire dépendant de la Direction générale de la documentation et de la Sécurité extérieure (DGDSE), est déclaré persona non grata pour son implication présumée dans une affaire liée au droit pénal britannique, apprend Le360 de ses sources à Alger.
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La police métropolitaine voulait auditionner le dénommé Ammar comme témoin, après la levée de son immunité diplomatique. Ce dernier qui s’est dit prêt à recevoir la police a souligné, toutefois, que la convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961 stipule qu’un diplomate n’est pas obligé de témoigner dans une procédure judiciaire portant sur des faits qui ne l’impliquent pas directement.
Le diplomate algérien s’est même plaint à sa hiérarchie de la démarche «inamicale» des autorités britanniques, allant jusqu’à suggérer une mesure de réciprocité. Les services de renseignements britanniques (SIS) sont alors entrés en jeu pour calmer les esprits, en suggérant de remplacer l’audition du diplomate algérien Ammar par un questionnaire que l’intéressé peut étudier à son aise, avant d’y répondre par écrit.
Finalement, le diplomate Ammar a préféré quitter définitivement Londres sans répondre au questionnaire de la police britannique, nous apprennent nos sources.
L’affaire pour laquelle la police britannique cherchait à recueillir le témoignage du diplomate algérien serait liée, ajoutent nos sources, à un policier anglais d’origine algérienne nommé Saâdane Mansouri. Ce dernier est soupçonné de livrer des renseignements à l’attaché militaire de l’ambassade d’Algérie.
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L’affaire de l’attaché militaire à l’ambassade d’Algérie à Londres n’est que l’arbre qui cache la forêt. Les agents de l’ambassade algérienne sont particulièrement actifs à Londres, en raison de la présence dans cette ville d’opposants au régime militaire qui dirige le pays voisin du Maroc. Deux d’entre eux font l’objet d’une surveillance soutenue: Saïd Bensedira (journaliste-blogueur) et Mohamed Larbi Zitout (un ancien diplomate très actif sur les réseaux sociaux).
Ces deux opposants ont particulièrement irrité l’ancien patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI, les services de contre-espionnage algérien), Wassani Bouazza, arrêté au mois d’avril et condamné à huit ans de prison ferme.
Ce dernier est allé jusqu’à planifier, au début de l’année 2020, une opération spéciale visant à assassiner Saïd Bensedira et Mohamed Larbi Zitout. Selon nos sources, deux pistes ont été envisagées par les services de Wassini Bouazza pour «diversifier le mode opératoire dans l’élimination des deux cibles»: l’empoisonnement et l’accident mortel de la circulation.
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Ce plan de liquidation des deux opposants n’est pas resté au stade de l’étude. En effet, il a été soumis au chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui aurait «donné son aval», et des hommes de main ont même été enrôlés à Londres, précisent nos sources. Qu’est-ce qui a bien pu empêcher l’exécution de ce plan: la peur d’un scandale international? La guerre enragée contre les proches de Gaïd Salah? Le limogeage précipité de Wassini Bouazza?
Quoi qu’il en soit, de l’eau est passée sous les ponts depuis. Et Saïd Bensedira semble dans de meilleures dispositions envers Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chengriha, le chef d’état-major de l’armée algérienne. Mieux: il s’érige aujourd’hui comme le plus virulent opposant aux sorties de Mohamed Larbi Zitout. A Londres, il y a une cible en moins pour les sbires du régime algérien.