Fondatrice de l’association Imad pour la paix et la jeunesse, Latifa Ibn Ziaten, originaire du Maroc, multiplie les conférences et les visites dans les écoles de l'Hexagone pour sensibiliser les élèves à l’importance du vivre-ensemble, et n’a de cesse de prêcher la bonne parole pour instaurer un climat de tolérance entre communautés religieuses en France. Un défi de taille à l’heure où les amalgames ont la peau dure et où l’on a tôt fait de confondre musulmans et extrémistes, voire même terroristes.
Cette confusion-là s’invite aussi dans le débat public en France quand il s'agit du voile, dont le port dans l’espace public est désormais susceptible de tomber sous le coup d’une interdiction, au même titre que le voile intégral depuis 2010, si tant est que Marine Le Pen, candidate d’extrême-droite à l'élection présidentielle, venait à remporter le second tour, le 24 avril prochain.
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Interpellée par ce discours manichéen qui classe toutes les femmes voilées dans la case des victimes d’une oppression religieuse machiste et qui se retrouve au cœur d’un virulent débat politique, Latifa Ibn Ziaten a donc mis les choses au clair sur sa page Facebook. «Je porte le foulard en signe de deuil depuis l’assassinat de mon fils», explique-t-elle ainsi, tranchant par là même avec l’image de la femme voilée soumise à un choix qui ne lui appartient pas. «Je me suis sentie humiliée une fois à l’Assemblée nationale où j’intervenais. Deux hommes m’avaient dit que j’avais un ‘chiffon sur la tête’», se souvient-elle avant de s’exclamer, «n’oublions pas que nous vivons dans un pays laïc».
Et celle-ci de rappeler que de facto, «ceux qui ont la foi doivent pouvoir pratiquer leur religion librement dans le respect de la République». Enfin, conclut Latifa Ibn Ziaten dans un message d’apaisement, «il ne faut pas diviser car avec la haine et la peur de l’autre, nous ne pourrons pas construire un monde meilleur».