Le président de la Chambre des représentants, Pantaleon Alvarez, quatrième personnage de l'Etat, fait les gros titres de la presse depuis qu'il a admis avoir huit enfants, dont six nés de deux autres femmes que son épouse.
Rodrigo Duterte, dont le franc parler est une des marques de fabrique, a expliqué mardi soir à la télévision que, comme lui, M. Alvarez avait "plusieurs épouses".
"C'est un monde hypocrite", a-t-il dit dans un discours à des fonctionnaires, retransmis par la télévision. "Qui, parmi vous, n'a pas de maîtresse?", a-t-il interrogé.
Ces déclarations ont choqué une partie de l'opinion dans un pays très catholique et profondément conservateur où l'Eglise conserve une influence morale prépondérante, et où le divorce n'est pas prévu par la loi.
"Justifier par le simple fait d'être un homme un comportement inapproprié est simplement sexiste et misogyne", a déclaré à l'AFP la sénatrice Risa Hontiveros.
"Cela envoie un message qui sape les victoires remportées dans le combat pour les droits des femmes et l'égalité entre les genres."
M. Duterte a reconnu lors de son discours que ses propos étaient "machistes".
"Mais vraiment, il y a tellement de femmes et on a tellement peu de temps sur terre. Mon Dieu!", a-t-il dit sous les rires de son auditoire.
M. Duterte, 72 ans, a réussi à faire annuler son mariage et vit depuis longtemps avec la même femme. Il s'est souvent vanté d'avoir des maîtresses et d'être un consommateur de Viagra.
Réagissant pour la première fois dimanche à l'affaire Alvarez, il avait déclaré: "Qui n'a pas le droit au bonheur? Demandez à ces parlementaires. Lequel d'entre eux n'a pas deux, trois ou quatre maîtresses?"
Elizabeth Angsioco, présidente des Femmes démocrates-socialistes des Philippines s'est insurgée contre le discours présidentiel sur l'adultère.
"Il est inacceptable et lamentable que des gens qui occupent des postes du pouvoir puissent parler aussi légèrement de ces choses", a-t-elle dit. "C'est très dangereux."
M. Duterte a élé élu en mai dernier grâce à son langage cru et son discours radical pour lutter contre les trafics de drogue.
Pendant la campagne, il avait scandalisé ses adversaires pour avoir plaisanté sur le fait qu'il aurait aimé passer en premier lors du viol collectif d'une missionnaire australienne tuée dans une prison de Davao, en 1989.