Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, une idée fait son chemin dans le sérail du pouvoir américain, commentée avec une sorte d’excitation par la galaxie politique au Maghreb. Et si Donald Trump, le premier président américain à avoir reconnu la marocanité du Sahara, allait pousser sa logique jusqu’à mettre le Polisario dans la liste des organisations terroristes? Cette proposition n’est pas anodine et dépasse largement l’arsenal des effets de manches que les deux pays, Maroc et Algérie, s’échangent dans leurs bras de fer diplomatique et médiatique sur le Sahara.
Si demain l’administration Trump décidait de qualifier le Polisario comme une organisation terroriste, une probabilité de plus en plus grande compte tenu de nombreux indices, ce serait une décision politique aux multiples impacts. Elle changerait matériellement la physionomie de cette discorde régionale et imposerait à ses acteurs une remise en cause radicale.
D’abord à l’égard du régime algérien. Le moment où apparaîtra la décision de mettre le Polisario sur la liste des organisations terroristes, Alger deviendra officiellement un pays parrain du terrorisme. Le régime algérien sera interpellé par l’ensemble de la communauté internationale sur ses choix. Les pressions vont se multiplier afin d’expliquer pour quelles raisons il abrite, finance et nourrit des milices armées sur son territoire dont le seul objectif est de porter atteinte à l’unité territoriale de son voisin marocain et à l’ensemble de la sécurité régionale.
Le régime algérien, déjà connu pour sa légendaire pyromanie, sa tendance structurelle à entretenir des relations antagonistes avec son voisinage et son jeu trouble avec les organisations terroristes qui s’activent au sud du pays, aura toutes les caractéristiques du régime parrain de milices armées à vocation terroriste.
Placer le Polisario dans la case terroriste est un fait qui pourrait avoir des réverbérations continentales. D’abord en Europe, où la tendance générale au soutien de la souveraineté du Maroc sur son Sahara est de mise. Une telle décision va éteindre définitivement toutes les réserves et clore les failles par lesquelles s’introduisent les avocats patentés du Polisario, comme l’a montré récemment la très regrettable affaire de la Cour de justice européenne.
Non seulement l’Union européenne et ses multiples institutions auront à gérer cette nouvelle qualification sur le terrorisme régional, mais plus rien n’empêche que l’ensemble de l’architecture institutionnelle européenne puisse adopter une position officielle commune sur la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Ce qui serait en soi une des plus belles performances diplomatiques marocaines en la matière.
«Un signal de cette nature, émanant de la première puissance mondiale, pourrait encourager les pays africains hésitants à suivre le récent exemple du Ghana et à suspendre toute relation avec le Polisario.»
Mais c’est sur le continent africain que l’impact d’une telle décision, celle de mettre le Polisario sur la liste des organisations terroristes, pourrait être le plus grand et le plus visible. Cette décision interviendrait dans un contexte où le Maroc tente de convaincre les pays de l’Union africaine d’expulser de ses rangs la fantomatique RASD, à laquelle de plus en plus de pays africains retirent officiellement leur reconnaissance.
Un signal de cette nature, émanant de la première puissance mondiale, dirigée aujourd’hui par un homme dont la volontarisme et la détermination ne sont plus à prouver, pourrait encourager les pays africains hésitants à suivre le récent exemple du Ghana et à suspendre toute relation avec le Polisario.
Une simple question leur sera posée: comment continuer à entretenir des relations institutionnelles avec une entité dont le bras armé est catalogué organisation terroriste? Dans ce cas précis, si les retraits de reconnaissance se multiplient, l’Union africaine n’aura même pas besoin de recourir à un mécanisme de vote interne pour expulser la RASD. Son maintien dans ses rangs deviendra un lourd fardeau international, et les pays qui la soutiennent, notamment l’Algérie et l’Afrique, seront classés parmi les parrains du terrorisme, défiant la communauté internationale dans son ensemble.
Avec le monde arabe, cette qualification pourra pousser des organisations comme la Ligue arabe ou le Conseil de coopération du Golfe à radicaliser leurs critiques contre le régime algérien, accusé de comploter ouvertement contre l’intégrité territoriale d’un pays membre, le Maroc. Ces deux structures arabes ne manquent aucune occasion pour souligner leur soutien à la souveraineté du Maroc sur son Sahara et invitent régulièrement le régime algérien à plus de réalisme politique. Avoir une accusation de soutien aux organisations terroristes sur le front rendrait plus compliquées les relations du régime algérien avec les pays arabes, déjà alourdies par de nombreux contentieux. D’autant plus que ce régime avait réussi l’exploit de se fâcher avec tout le monde arabe, à l’exception de la Tunisie, à cause de ses liaisons troubles et dangereuses avec le régime iranien.
Mettre le Polisario sur la liste des organisations terroristes est un acte politique majeur. Il mettra la région sous surveillance internationale, ce qui viendra s’ajouter à la grande angoisse sécuritaire provoquée par les multiples groupes terroristes qui pullulent au Sahel. Cela provoquera un grand moment de vérité politique et diplomatique dans cette région paralysée depuis des décennies par un conflit artificiellement entretenu.