L’édition 2025 est sortie en France le 28 août, et dans la plupart des autres pays le 12 septembre.
Le livre est aujourd’hui imprimé dans une trentaine de langues. C’est moins que n’en parle le recordman du monde, Powell Janulus, un Canadien anglophone qui, pour l’édition 1985, avait fait certifier sa capacité à converser avec les locuteurs de 41 langues.
Avec 80.000 exemplaires, la version française est le troisième plus grand tirage du livre, derrière l’anglais et l’allemand.
«C’est un livre que tout le monde, partout, connaît et aime», affirme à l’AFP son rédacteur en chef mondial, Craig Glenday.
L’homme le plus grand en vie? Le Turc Sultan Kösen, 2,51 m. Le plus long tunnel routier du monde? 24,5 km, en Norvège. La mannequin la plus âgée? La Britannique Daphne Selfe, embauchée à 95 ans. Et ainsi de suite sur 250 pages.
Mais comme d’autres gros volumes, le Guinness des records a souffert d’une certaine désaffection. Les encyclopédies en sont pratiquement mortes, les dictionnaires survivent tant bien que mal, et les codes juridiques ont largement migré en version électronique.
«Il y a eu une baisse des ventes de livres. Nous n’en vendons pas autant que par le passé», reconnaît M. Glenday.
L’ouvrage a changé. De plus en plus de couleurs à partir de la fin des années 1990, des tas de photos à chaque page: le catalogue austère et méthodique n’est plus.
«Signe d’excellence»
Mais «l’entreprise a aussi changé en introduisant de nouvelles sources de revenus, avec des vidéos. Nous sommes l’une des plus grosses marques sur TikTok, car le contenu est souple à l’infini», d’après le rédacteur en chef.
Ce compte approche les 27 millions d’abonnés.
Ils sont peut-être rares à le savoir mais ce n’est pas un hasard si le Guinness des records est l’homonyme d’une célèbre bière irlandaise à la robe noire.
Le livre est né d’un débat entre deux chasseurs sur l’identité du gibier le plus rapide d’Europe. Aucune encyclopédie, aucun traité de zoologie n’avait de réponse claire. En 1954 sort la première édition, à destination des pubs qui servaient de la Guinness.
Gratuit, il fut souvent volé à l’époque. D’où son arrivée en librairie.
L’idée d’origine, faire autorité dans ce domaine pointu des records, est toujours le cœur d’activité du groupe. Il ne se cache pas de la déclinaison commerciale de l’affaire, la vente de prestations coûteuses pour certifier des records établis par qui veut se faire de la publicité.
«Le grand changement des dix dernières années, c’est notre offre aux entreprises: celles qui veulent établir des records pour obtenir de l’attention. Au Moyen-Orient, la marque Guinness World Records est un signe d’excellence pour les produits», souligne M. Glenday.
Dix traducteurs
Cette activité a valu au groupe d’être critiqué pour sa coopération avec des régimes autoritaires. Mais ces accusations restent peu connues du grand public.
«Le Guinness des records fait partie du patrimoine, car plusieurs générations l’ont reçu en cadeau», estime Anne Le Meur, coordinatrice de l’édition française chez Hachette.
L’adaptation pour un public français d’un livre très marqué par son origine britannique et son succès aux États-Unis est un défi annuel.
«C’est un travail au long cours, avec une équipe fidèle de dix traducteurs spécialisés chacun dans un domaine. De mars à début juin, on suit un rythme très soutenu, en recevant dix doubles pages à traduire par semaine», rapporte cette éditrice à l’AFP.