Le G7 veut «accélérer» sa sortie des énergies fossiles, mais ne fixe pas de nouvelle date

Une session de la réunion des ministres du G7 sur le climat, l'énergie et l'environnement à Sapporo, au Japon, le 15 avril 2023.. AFP or licensors

Les ministres de l’Energie, du Climat et de l’Environnement des pays industrialisés du G7 se sont engagés dimanche à «accélérer» leur «sortie» des énergies fossiles dans tous les secteurs, mais sans se fixer une nouvelle échéance.

Le 16/04/2023 à 08h45

Ce nouvel objectif, annoncé dans un communiqué commun à l’issue d’une réunion ministérielle du G7 qui se tenait depuis samedi à Sapporo (nord du Japon), ne concerne pas les énergies fossiles assorties de dispositifs de capture et de stockage du CO2.

Les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) se bornent à souligner que cet objectif s’inscrit dans leurs efforts pour atteindre la neutralité carbone énergétique d’ici 2050 «au plus tard».

Ils s’étaient déjà engagés l’an dernier à décarboner majoritairement son secteur de l’électricité d’ici 2035, un objectif reconfirmé dimanche.

Signe de négociations difficiles, le G7 n’est pas parvenu à s’engager spécifiquement sur une date de sortie du charbon dans le secteur de l’électricité, alors que le Royaume-Uni, soutenu par la France, avait proposé l’échéance de 2030.

Sur le volet environnemental, les pays du groupe ont promis de réduire à zéro leur pollution plastique d’ici à 2040, grâce notamment à l’économie circulaire, à la réduction ou à l’abandon des plastiques jetables et non recyclables.

Plusieurs membres du G7 comme le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne portaient déjà cet objectif, mais pas les Etats-Unis et le Japon notamment.

Aussi s’agit-il d’un «signal fort» avant la prochaine session de négociation d’un traité international sur le plastique qui se tiendra fin mai à Paris, a souligné dans un communiqué le ministre français de la Transition écologique Christophe Béchu.

Une «avancée» avant la COP28

La décision de sortir de l’ensemble des énergies fossiles marque une «avancée forte», a aussi salué dans un entretien à l’AFP la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.

«C’est un point d’appui important pour pouvoir élargir cette approche» au G20 en Inde et à la conférence de l’ONU sur le climat (COP28) de Dubaï en fin d’année», a-t-elle estimé, tout en admettant que ces futures négociations mondiales «ne vont pas être évidentes».

Les membres du G7 se devaient de faire preuve d’unité et de volontarisme après le dernier rapport de synthèse alarmant du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié en mars.

Selon le Giec, le réchauffement de la planète causé par l’activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle dès les années 2030-2035. Ce qui met encore plus en péril l’objectif de l’accord de Paris de 2015 de limiter la hausse des températures à ce niveau, ou du moins bien en dessous de 2°C.

Le G7 a aussi réaffirmé dimanche son engagement d’oeuvrer avec les autres pays développés à rassembler 100 milliards de dollars par an pour les pays émergents contre le réchauffement climatique, une promesse datant de 2009 et qui devait initialement être tenue dès 2020.

Un sommet pour améliorer l’accès aux financements des pays en développement en matière climatique, un point sensible et crucial pour une réussite de la COP28, est notamment prévu fin juin à Paris.

Déception d’ONG

Du fait du contexte géopolitique mondial très tendu avec la guerre en Ukraine depuis l’an dernier, et des propositions conservatrices du Japon qui souhaitait notamment que le G7 cautionne des investissements en amont dans le gaz, les ONG environnementales redoutaient que la réunion de Sapporo n’aboutisse à une régression.

Dans un ton similaire à celui de l’an dernier, le G7 a reconnu que des investissements dans le gaz naturel «pouvaient être appropriés» pour contribuer pour certains pays à éviter d’éventuelles pénuries énergétiques liées à la guerre en Ukraine. Mais la primauté d’une transition énergétique «propre» et la nécessité de réduire la demande de gaz ont été soulignées dans le même temps.

L’autre proposition du Japon de faire reconnaître l’ammoniac et l’hydrogène comme des co-combustibles «propres» pour les centrales thermiques a été également entourée de garde-fous. Ces technologies doivent être développées à partir de sources «bas carbone et renouvelables», a insisté le G7.

Présent à Sapporo, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’Energie (AIE) Fatih Birol a salué auprès de l’AFP un message du G7 «combinant nos soucis de sécurité énergétique tout en fournissant une feuille de route face à la crise climatique».

Les ONG environnementales étaient cependant déçues. «N’en déplaise aux jeux de rhétorique des ministres du G7, de nouveaux investissements dans le gaz (...) ne peuvent pas être compatibles» avec leurs objectifs climatiques, a ainsi critiqué Collin Rees d’Oil Change International.

«Il y a du positif» dans les annonces du G7 «mais cela manque encore d’ambition» à la hauteur des enjeux, a résumé Daniel Read de Greenpeace.

Par Le360 (avec AFP)
Le 16/04/2023 à 08h45