Invoquant une supposée «concurrence déloyale», le gouvernement canadien a annoncé l’instauration, à compter du mois d’octobre prochain, d’une surtaxe de 100% sur les importations de véhicules électriques chinois. «La Chine ne respecte pas les mêmes règles que les autres pays», a affirmé lundi le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors d’une conférence de presse à Halifax (est).
Ottawa imposera également une surtaxe de 25% sur les importations chinoises d’acier et d’aluminium à compter du 15 octobre. Face au «défi» que posent les producteurs chinois «qui bénéficient de politiques et de pratiques déloyales et contraires au marché», le Canada agit ainsi «de concert avec d’autres économies dans le monde», a poursuivi le Premier ministre.
La surtaxe canadienne visera les automobiles, les camions, les autobus ainsi que les camionnettes de livraison électriques et certains modèles hybrides. «Nous devons défendre les emplois et les intérêts canadiens», a insisté Justin Trudeau.
«La Chine exprime son vif mécontentement et son opposition résolue» à cette décision, a fustigé mardi dans un communiqué son ambassade au Canada, assurant que le pays «prendra toutes les mesures nécessaires» pour protéger ses entreprises.
Représailles
Cette passe d’armes entre la Chine et le Canada s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales grandissantes avec certains pays occidentaux, qui accusent Pékin de détruire la concurrence dans d’autres secteurs dont les éoliennes, les panneaux solaires ou encore les batteries.
La semaine dernière, l’Union européenne (UE) a ainsi confirmé sa volonté de surtaxer pendant cinq ans les voitures électriques provenant de Chine, dont les prix sont artificiellement bas du fait de subventions étatiques. Ces surtaxes, qui peuvent atteindre jusqu’à 36%, remplaceront des taxes provisoires décidées début juillet à l’encontre des véhicules électriques importés de Chine.
Pékin a menacé à plusieurs reprises de représailles ces derniers mois. La Chine a notamment lancé une enquête sur des pratiques commerciales de l’UE jugées déloyales concernant certains produits laitiers importés.
Déterminés à freiner la progression chinoise dans le secteur, les États-Unis avaient eux annoncé en mai le quadruplement des droits de douane (de 25% à 100%) sur les véhicules électriques chinois importés, la concurrence économique avec la Chine étant au coeur de la campagne présidentielle américaine.
Des dizaines de marques chinoises innovantes dans l’électrique ont vu le jour ces dernières années et elles rivalisent dans leur pays avec des constructeurs étrangers qui peinent à s’adapter. Ces constructeurs chinois mettent désormais le turbo à l’étranger.
Le Canada déploie depuis quelques années des efforts considérables pour attirer les acteurs du secteur des véhicules électriques, vantant ses incitations fiscales, son énergie propre et ses importantes ressources en terres rares.