Dans un papier d’analyse paru dans les colonnes du Journal du dimanche (JDD), l’ancien ambassadeur de France à Alger (2008-2012; 2017-2020), Xavier Driencourt, décortique le bilan désastreux du premier mandat du président algérien Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays. Fin connaisseur du régime des généraux, Driencourt explique dans sa tribune que «Tebboune sera, malgré la présence d’autres candidats –les lièvres dans le langage algérien– réélu, puisque l’essentiel dans ce système est d’être choisi par l’ANP, colonne vertébrale du régime depuis 1962, le reste n’étant qu’une formalité».
L’auteur de «L’Énigme algérienne: chroniques d’une ambassade à Alger», paru en 2022 aux éditions de L’Observatoire, a également établi un check-up de la santé politique du régime algérien après environ cinq années de gérontocratie sous Tebboune: «Le bilan du chef de l’État algérien n’est sans doute pas le meilleur en vue d’une réélection: l’économie ne progresse pas ou peu en dehors du secteur des hydrocarbures; la jeunesse algérienne continue de souhaiter partir et alimente le flot des “harragas”, candidats au départ depuis les ports de Mostaganem ou Annaba vers l’Espagne ou la France; l’Algérie, plus brouillée que jamais avec le Maroc, l’est désormais avec ses voisins du sud sahélien, Mali et Niger».
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«Surtout, le pays connaît depuis 2019 une répression sans précédent, inconnue sous l’ère Bouteflika qui passe par le musellement de la presse et l’arrestation des opposants bien que le discours officiel nie l’existence de prisonniers politiques. Tout ceci dans un mutisme général, ni l’Italie, qui invite au G7 le Président algérien, ni la France, n’osant l’une et l’autre, critiquer les graves atteintes aux libertés publiques en Algérie. Le deuxième mandat devrait donc ressembler au premier», fait remarquer Driencourt.
Ces élections Potemkine sont également du pain bénit pour le pouvoir d’Alger qui s’en sert pour, comme à l’accoutumée, déverser sa bile sur le Maroc et la France. Une combine inventée par les généraux de l’ANP et érigée en sport national depuis des lustres par Alger. «La campagne électorale qui s’ouvre à Alger (en plein été) va donner une nouvelle fois l’occasion aux politiques algériens de critiquer les “ennemis de l’Algérie”, France et Maroc: c’est le jeu traditionnel et le meilleur moyen d’obtenir des voix. Et le discours antifrançais est, rappelons-le, le fondement de la légitimité du pouvoir algérien», constate l’ancien diplomate.
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Driencourt souligne en conclusion de son article que «l’agenda officiel est tout tracé: une campagne électorale au mois d’août, une élection à la hussarde où le taux de participation, véritable baromètre de la fraude, sera gonflé à 60 ou 75%, une élection garantie suivie d’une visite d’État en France où un Président affaibli aura lâché beaucoup. Puis, on reprendra la vie normale, c’est-à-dire les critiques de la France et les ingérences dans la politique française».