Daria Douguina, 29 ans, a été tuée samedi soir dans l'explosion du véhicule qu'elle conduisait sur une route près du village de Bolchiïe Viaziomy, à une quarantaine de kilomètres de Moscou.
Journaliste et politologue, elle était la fille d'Alexandre Douguine, un idéologue et écrivain ultranationaliste promouvant une doctrine impérialiste.
Comme son père, elle était une farouche partisane de l'offensive russe en Ukraine.
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«Le meurtre a été préparé et commis par les services spéciaux ukrainiens», a déclaré le FSB dans un communiqué.
Selon la même source, la voiture conduite par Daria Douguina a été piégée par une femme de nationalité ukrainienne née en 1979, identifiée par le FSB comme Natalia Vovk, arrivée en Russie en juillet avec sa fille mineure, née en 2010.
Toujours selon le FSB, cette personne avait loué un appartement dans l'immeuble où vivait Daria Douguina et elle s'était rendue samedi à un festival culturel conservateur où la journaliste était elle aussi présente.
D'après le FSB, cette Ukrainienne s'est ensuite enfuie en Estonie avec sa fille.
Dans un message de condoléances, le président russe Vladimir Poutine a dénoncé un «crime ignoble, cruel», qui a «mis fin prématurément à la vie de Daria Douguina, une personne brillante et talentueuse dotée d'un coeur véritablement russe».
«Comme journaliste, scientifique, philosophe et correspondante de guerre, elle a servi le peuple et la patrie avec sincérité, illustrant par ses actes ce qu'être une patriote russe veut dire», a-t-il ajouté.
Vladimir Poutine lui a également remis à titre posthume l'Ordre du Courage, une importante décoration, a indiqué la présidence russe lundi soir.
Ces dernières années, la défunte s'exprimait régulièrement dans les médias pro-Kremlin, où elle critiquait férocement «l'hégémonie occidentale». Elle avait en particulier travaillé pour la chaîne de télévision russe ultra-conservatrice Tsargrad.
Choc en RussieLa mort de Daria Douguina a suscité un choc en Russie, réveillant le douloureux souvenir des multiples assassinats qui ont ensanglanté la période instable ayant suivi la chute de l'Union soviétique en 1991.
Elle met aussi à mal les efforts des autorités et des médias tenus par le pouvoir qui s'efforcent de convaincre que l'offensive en Ukraine n'a aucune conséquence négative pour la population russe.
Or le conflit est devenu de plus en plus visible ces dernières semaines, avec notamment une série d'explosions en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou où de nombreux Russes passent traditionnellement leurs vacances.
Mise en cause dès samedi par des médias russes estimant que la cible de la voiture piégée ayant tué Daria Douguina était en fait Alexandre Douguine, l'Ukraine avait démenti dimanche toute implication.
«L'Ukraine n'a certainement rien à voir avec l'explosion (de samedi), parce que nous ne sommes pas un Etat criminel», a déclaré un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak.
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Promoteur de l’«Eurasisme», une doctrine impérialiste prônant une alliance entre l'Europe et l'Asie, sous direction russe, Alexandre Douguine est visé depuis 2014 par les sanctions de l'Union européenne. Personnalité médiatique et polyglotte, il est influent dans une partie de l’extrême-droite européenne.
Ces dernières années, l'Ukraine a interdit plusieurs de ses ouvrages, notamment «Ukraine. Ma guerre. Journal géopolitique» et «Revanche eurasiatique de la Russie».
Alexandre Douguine, surnommé par certains médias «le cerveau de Poutine», est parfois présenté comme étant proche du président russe. Mais ce dernier ne l'a jamais soutenu publiquement et de nombreux observateurs relativisent son influence au Kremlin.