Pyongyang a considérablement intensifié ses efforts au cours de l'année écoulée pour dérouler ses programmes nucléaire et balistique interdits malgré de multiples sanctions de l'ONU et la rhétorique de plus en plus belliqueuse émanant de Washington.
Kim Jong-Un, qui a assuré avoir en permanence sur son bureau le bouton de l'arme atomique, a présidé en septembre au sixième test nucléaire nord-coréen, le plus puissant à ce jour. Il a également supervisé pendant l'année plusieurs essais de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), assurant que le Nord était capable de frapper le territoire continental américain et était devenu un État nucléaire à part entière.
"Nous devons produire en masse des têtes nucléaires et des missiles et accélérer leur déploiement", a déclaré Kim Jong-Un dans son adresse annuelle à la nation. Il a répété que le Nord avait atteint son but, accéder au statut d'État nucléaire, et souligné que ses programmes d'armement étaient de nature défensive. "Nous devons toujours nous tenir prêts à mener des contre-attaques nucléaires immédiates contre les projets ennemis de guerre nucléaire", a-t-il martelé.
Le président américain Donald Trump a riposté aux opérations militaires nord-coréennes en alliant les menaces -il s'est engagé à la tribune de l'ONU à "détruire totalement" la Corée du Nord en cas d'attaque lancée par Pyongyang- et les insultes à l'endroit de Kim Jong-Un, qualifié de "petit homme-fusée".
Pour certains experts, cette surenchère dans l'injure et l'outrance pourrait avoir eu l'effet inverse de celui escompté, en encourageant Pyongyang dans sa fuite en avant. D'autant que le Nord justifie ses ambitions nucléaires par la menace américaine. La Corée du Nord "peut affronter n'importe quelle menace nucléaire des États-Unis, elle dispose d'une (force de) dissuasion forte qui est capable d'empêcher les États-Unis de jouer avec le feu", a lancé Kim Jong-Un. "Le bouton nucléaire est toujours sur mon bureau. Les États-Unis doivent prendre conscience que ce n'est pas du chantage mais la réalité", a-t-il averti.
Les nouvelles déclarations du numéro un nord-coréen surviennent alors qu'un ancien haut responsable militaire américain a prévenu que les États-Unis n'avaient "jamais été aussi proches" d'une guerre nucléaire avec le Nord. La présidence Trump "est incroyablement déstabilisante", a déclaré l'ex-chef d'état-major américain Mike Mullen sur la chaîne ABC.
"Nous n'avons, à mon avis, jamais été aussi proches d'une guerre nucléaire avec la Corée du Nord et dans la région", a dit celui qui fut le chef d'état-major du républicain George W. Bush et du démocrate Barack Obama. "Je ne vois pas comment on pourrait résoudre tout ceci par la voie diplomatique". Comme on l'interrogeait dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, sur le "bouton nucléaire", Donald Trump s'est borné à répondre: "on verra, on verra".
Pyongyang justifie ses programmes militaires par la nécessité de se protéger de Washington. Il considère les opérations militaires américaines dans la région, à l'instar des manoeuvres conjointes entre Washington et Séoul, comme la répétition d'une invasion de son territoire.