Après l’élection vendredi de Shigeru Ishiba comme chef du Parti libéral démocrate (PLD), actuellement au pouvoir au Japon, le Japon connaît l’identité de son prochain Premier ministre, qui succèdera à Fumio Kishida. Ce dernier a battu Sanae Takaichi, qui ambitionnait d’être la première femme à occuper ce poste, en finale de cette élection à deux tours.
Une élection à laquelle l’actuel chef du gouvernement a décidé de renoncer, abandonnant de facto son poste. En fonction depuis octobre 2021, il a vu sa cote de popularité minée par l’inflation et par des scandales politico-financiers qui ont ébranlé le PLD.
«Le président Kishida a pris la décision de regagner la confiance du peuple afin que le PLD puisse renaître. Nous devons répondre à cette décision comme un seul homme. Je ferai de mon mieux pour dire la vérité avec courage et sincérité, et pour faire de ce pays un endroit sûr et sécurisé où chacun peut à nouveau vivre avec le sourire», a déclaré Shigeru Ishiba dans la foulée devant les membres du PLD.
Pas de changement en vue
Ce changement de Premier ministre ne devrait cependant pas avoir de conséquences majeures sur la politique actuelle du Japon. Le futur Premier ministre, qui prendra officiellement ses fonctions le 1er octobre, fera face aux mêmes problématiques internes d’un pays englué dans une économie stagnante et à la gestion des tensions internationales avec les très actifs voisins chinois et nord-coréen.
Les relations entre le Japon, allié des États-Unis, et la Chine connaissent régulièrement des périodes de tension, alimentées par des ambitions géopolitiques rivales, des querelles territoriales en mer de Chine orientale et de vives rancoeurs historiques.
Et les nombreux incidents militaires de ces derniers mois sont venus alourdir encore un peu les relations entre les deux pays, à l’image du récent et inédit passage d’un porte-avions chinois entre des îles japonaises, auquel Tokyo a répliqué en faisant traverser pour la première fois aussi le détroit de Taïwan par l’un de ses navires de guerre.
À l’issue du 2ème tour de ces élections, auquel participent les députés du PLD et les bureaux locaux, Shigeru Ishiba a obtenu 215 voix contre 194 pour sa rivale. Agé de 67 ans, cet ancien ministre de la Défense et de l’Agriculture avait tenté en vain à quatre reprises de devenir chef du parti, mais son impopularité auprès de ses collègues parlementaires l’avait grandement desservi jusque-là.
Avec une vision ancrée dans la tradition et un désir de réformes profondes, celui qui fut longtemps considéré comme l’éternel numéro 2 a dit pendant sa campagne souhaiter s’attaquer à des problèmes sociaux difficiles tels que les réformes politiques et agricoles et les questions de sécurité nationale.
Dans ce pays qui n’a jamais eu de femme à la tête de son gouvernement, Sanae Takaichi représentait aussi une aile très conservatrice du parti. Ancienne protégée de l’ex-Premier ministre Shinzo Abe, assassiné en juillet 2022, elle est une nationaliste dont les positions envers les voisins auraient pu irriter Pékin et Séoul.