Vendredi, les habitants de cette ville du Nord irakien se sont réveillés au son des explosions et des louanges à la gloire du groupe Daech scandées par les hauts-parleurs d'une mosquée.
Ces attaques apparaissent comme une tentative de diversion face à la vaste offensive irakienne déclenchée lundi dernier, avec l'appui d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis, sur Mossoul, dernier grand bastion du groupe jihadiste dans le Nord.
A Kirkouk, ville contrôlée par les Kurdes irakiens, Daech a réveillé des cellules jihadistes dormantes, a affirmé à l'AFP le gouverneur de la province de Kirkouk, Najmeddin Karim.
Au total, une centaine de jihadistes participaient à l'attaque, dont certains portaient des gilets ou des ceintures d'explosifs, selon un haut responsable de la ville.
"L'attaque d'aujourd'hui (vendredi) était l'un des plans du Calife de Bagdad (chef de l'EI) pour démontrer que l'EI continue à s'étendre et à réduire la pression sur le front de Mossoul", a déclaré un jeune Irakien arrêté à Kirkouk et suspecté d'être membre de Daech.
Des témoins ont entendu des explosions et des tirs toute la matinée et des télévisions locales ont montré des images d'affrontements dans plusieurs quartiers.
"Au moment de la prière du matin, j'ai vu des jihadistes entrer dans la mosquée Al-Mohammadi" d'où ils ont crié "Dieu est le plus grand" et "Daech vaincra", a rapporté à l'AFP un enseignant, Haidar Abdel Hussein.
"Nous travaillons sans relâche pour éliminer ces cellules terroristes", a indiqué à l'AFP le colonel Arkan Hamed, de la police provinciale, ajoutant que "seule la présence de tireurs embusqués nous empêche d'en finir tout de suite".
Jounaliste abattuL'un de ces tireurs a abattu un journaliste d'une chaîne locale et au moins cinq kamikazes ont visé des bâtiments gouvernementaux, dont le QG de la police.
Les services du Premier ministre irakien Haider al-Abadi ont annoncé des renforts pour combattre les jihadistes.
Daech, via son agence de propagande Amaq qui a revendiqué une série d'attentats suicide, affirme "attaquer Kirkouk depuis tous les axes et contrôler presque la moitié de la ville". Des allégations que témoins et responsables jugent exagérées.
Au sud de Kirkouk, à Dakouk, dans un incident séparé, 15 femmes ont été tuées et 50 blessées dans un raid aérien alors qu'elles participaient à des commémorations chiites.
Kirkouk est à un peu plus de 150 km au sud-est de Mossoul, la deuxième ville d'Irak contrôlée par Daech depuis juin 2014.
A Mossoul, Daech ne semble pas en mesure de lancer des contre-offensives terrestres d'envergure face à la vaste offensive des forces irakiennes et kurdes (peshmergas), appuyées par les raids aériens de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis.
Pour autant, la bataille pour en déloger les jihadistes sera longue, ont prévenu responsables irakiens et étrangers.
La communauté internationale déterminéeSur le terrain, les cohortes de peshmergas légèrement armés et les convois de blindés de l'armée irakienne progressent lentement sur des terrains minés.
Face aux jihadistes, la communauté internationale semble déterminée à faire front commun. Vendredi à Ankara, Américains et Turcs se sont dits décidés à maintenir une "étroite coordination" pour "infliger une défaite durable" à l'EI.
Mais avant Mossoul, peshmergas et forces irakiennes doivent encore prendre de nombreuses villes et localités. Vendredi, ils progressaient à Bartalla, ville majoritairement chrétienne à une dizaine de km à l'est de Mossoul.
Au sud, les forces irakiennes remontent par la vallée du Tigre, le grand fleuve qui arrose Mossoul, reprenant village après village, la plupart déjà désertés par leurs habitants.
Partout, des camps de déplacés se montent alors que quelque 1,5 million de civils sont toujours piégés à Mossoul.
Seuls 5.640 déplacées ont été comptabilisés durant les trois premiers jours de l'offensive, selon l'ONU qui s'attend à ce que leur nombre augmente.