Guerre au Yémen: des rebelles Houthis se rendent en Arabie saoudite

Le chef politique du groupe Houthi Mahdi al-Mashat (à gauche) accueillant l'ambassadeur saoudien au Yémen, Mohammed Al Jaber, et une délégation à Sanaa, lors d'une précédente rencontre en avril 2023.

L’Arabie saoudite a confirmé jeudi qu’elle allait accueillir des représentants des rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, pour tenter de trouver une issue à la guerre au Yémen, où Ryad dirige une coalition en soutien au gouvernement.

Le 15/09/2023 à 08h38

«Le royaume accueille une délégation de négociateurs représentant la partie Houthie yéménite», a ainsi rapporté la chaîne de télévision officielle saoudienne Al Ekhabariya, ajoutant que les discussions auront pour objectif de «trouver une solution politique complète» à la crise au Yémen, négocier «un cessez-le-feu total» et passer «du conflit à la stabilité».

La Saudi Press Agency a indiqué que Ryad avait «invité une délégation de Sanaa à visiter le royaume». Il s’agit de la première visite de rebelles Houthis annoncée publiquement depuis le début de la guerre en 2014.

La délégation doit «poursuivre les consultations avec la partie saoudienne», a dit le président du conseil politique des rebelles Houthis, Mahdi al-Mashat, à l’agence de presse Saba, contrôlée par les rebelles. «La paix était et reste notre première option et tout le monde doit travailler pour y parvenir», a-t-il souligné.

Cette visite fait naître l’espoir d’une percée dans la résolution du conflit au Yémen qui a fait des centaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé ce pays dans l’une des pires crises humanitaires du monde.

Son annonce intervient alors qu’un cessez-le-feu continue de tenir dans une large mesure dans le pays. Elle survient aussi plusieurs mois après un réchauffement des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, à couteaux tirés pendant des années sur différents dossiers, notamment sur la guerre au Yémen.

Pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le Yémen est plongé depuis neuf ans dans une guerre opposant les rebelles Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et d’autres pans de territoire, au gouvernement qui est appuyé par une coalition militaire dirigée par Ryad. Les violences y ont toutefois largement diminué depuis une trêve négociée par l’ONU en avril 2022 qui a expiré en octobre dernier mais qui est encore à peu près respectée.

Une délégation d’Oman, pays jouant le rôle de médiateur, est arrivée jeudi à Sanaa, ont indiqué des responsables du gouvernement yéménite, quelques jours après une rencontre entre le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, et le sultan d’Oman. «L’optimisme règne quant à la médiation et aux efforts d’Oman pour parvenir à la paix au Yémen», a écrit sur X (ex-Twitter) Ali Al-Qhoom, membre du conseil politique des Houthis.

«Un élan supplémentaire»

La visite «revient à faire passer les relations entre les Houthis et l’Arabie saoudite des coulisses au salon», a estimé le directeur du centre d’études stratégiques de Sanaa, Majed al-Madhaji. En organisant des discussions à Ryad, les deux parties «légitiment cette relation et lui donnent un élan supplémentaire», a-t-il ajouté à l’AFP.

«Sur le plan politique, c’est un pas en avant pour mettre fin au rôle direct de l’Arabie saoudite au Yémen et pour que les Houthis reconnaissent son rôle de médiateur», en plus d’être l’une des parties au conflit, a-t-il encore dit. En avril, une délégation saoudienne, accompagnée de médiateurs omanais, s’était rendue à Sanaa pour des pourparlers visant à relancer la trêve et à jeter les bases d’un cessez-le-feu plus durable.

Parmi les demandes formulées par les rebelles Houthis figurent le paiement des salaires de leurs fonctionnaires par le gouvernement yéménite et le lancement de nouvelles destinations au départ de l’aéroport de Sanaa, qui a été longtemps fermé jusqu’à ce que des vols reprennent avec la Jordanie et l’Egypte l’année dernière.

Des agences de l’ONU et des dizaines d’ONG yéménites et internationales ont affirmé jeudi que 21,6 millions de personnes, soit 75% de la population, avaient besoin d’une aide humanitaire.

Par Le360 (avec AFP)
Le 15/09/2023 à 08h38