Alors que certains journalistes, experts et autres intervenants habitués des plateaux de chaînes d’information en continu évoquent, depuis le 10 décembre, des scènes d’une violence extrême commises par les supporters marocains en France, et des affrontements avec les policiers dans les rues de Paris, le ministre de l’Intérieur français a recadré les choses.
Interpellé par une députée au sujet de ces affrontements décrits dans la presse comme apocalyptiques et laissant présager une «guerre civile» mercredi, à l’issue du match Maroc-France, Gérald Darmanin a tout d’abord joué la carte du fair-play et de l’esprit sportif.
«A Paris, il y a eu quelques dizaines de milliers de personnes qui se sont réjouies de la qualification d’une part du Maroc et d’autre part de la France. Peut-être auriez-vous pu commencer par féliciter ces deux équipes et peut-être auriez-vous pu imaginer un instant être heureux avec les autres?» a-t-il lancé d’emblée.
Sous les applaudissements d’une partie de l’Assemblée nationale, Gérald Darmanin a encouragé la partie adverse à «être heureux avec notre peuple, de nous satisfaire, en effet, que l’équipe du Maroc soit qualifiée en demi-finales de la Coupe du monde. Je veux leur dire que mon rôle de ministre de l’Intérieur c’est surtout leur permettre de fêter la victoire de leur équipe nationale, comme les Français ont fêté leur victoire partout dans le monde entier».
Une réponse qui fait référence à n’en point douter à la question posée par Eric Zemmour, chef du parti Reconquête à l’attention du roi Mohammed VI et du peuple marocain, lors d’un débat sur BFMTV le 12 décembre. En effet, l’ancien polémiste se demandait: «comment réagirait le roi du Maroc si à Marrakech des milliers de Français venaient fêter la victoire de la France?». Et de poursuivre, «je crois qu’ils (les Marocains) se sentiraient un peu dépossédés de leur pays».
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Une question qui n’a pas lieu de se poser au Maroc, où les scènes de liesse se partagent entre communautés de différentes origines, où les victoires sportives se célèbrent ensemble, comme en témoigne l’ambiance festive, largement documentée, dans les rues du Maroc lors de la CAN et de la Coupe du monde.
S’attachant ensuite aux chiffres, le ministre de l’intérieur a clarifié une situation qui été excessivement exagérée par certaines voix. «A Paris, il y a eu 1.200 policiers mobilisés et il y a eu trois vitres qui ont eu des bris de glace sur les Champs-Elysées – quand il y avait 20.000 personnes qui étaient au rendez-vous – et trois scooters qui ont connu des dégradations. Voilà la vérité des chiffres à Paris», a-t-il précisé. Tout ce tintamarre pour trois vitres qui ont eu des bris de glace et trois scooters qui ont connu des dégradations!
Quant aux interpellations, Gérald Darmanin précise qu’«il y a eu 107 interpellations», et non 170 comme avancé par les médias de l’Hexagone, et constate, poursuit-il à l’égard de son interlocutrice, «vous n’avez pas précisé que les trois quarts d’entre eux étaient des citoyens français (…). Votre question était placée de telle sorte que manifestement c’étaient les Marocains, les responsables».
Et de remercier le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, visiblement conquis par le discours du ministre de l’Intérieur qui précise que «les 107 personnes interpellées à Paris vont connaître dès vendredi une audience spécifique du parquet de Paris pour pouvoir connaître une comparution immédiate».
«Donc Bravo au Maroc. Bravo à l’équipe de France. Bravo aux policiers. Merci au parquet de Paris. Et réjouissez-vous pour une fois. Arrêtez de faire les grincheux», a-t-il conclu.