Gaza: quatrième jour de pourparlers au Caire pour une trêve, situation humanitaire «catastrophique»

Un largage aérien de colis d'aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza, le 5 mars 2024, dans le cadre d'opérations conduites par la Jordanie, les États-Unis, la France et la Belgique.. AFP or licensors

Les discussions au Caire autour d’une trêve entre Israël et le Hamas entrent ce mercredi dans leur quatrième jour, avec l’espoir d’un cessez-le-feu avant le ramadan. Dans la bande de Gaza, la crise humanitaire atteint des «niveaux catastrophiques», selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Le 06/03/2024 à 08h26

Les États-Unis, principal soutien d’Israël, font pression pour un cessez-le-feu avant le ramadan, qui commence le 10 ou le 11 mars. «C’est dans les mains du Hamas», a déclaré le président américain mardi, jugeant que les Israéliens étaient «coopératifs». La voie des négociations «ne sera pas ouverte indéfiniment», a de son côté mis en garde un responsable du mouvement palestinien basé à Beyrouth.

Au Caire, des discussions «difficiles» débutées dimanche par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis doivent se poursuivre ce mercredi entre des représentants des trois pays et du Hamas, mais sans représentant israélien, a rapporté la chaîne AlQahera News, citant un haut responsable égyptien.

Le plan discuté prévoit une trêve de six semaines qui permettrait la libération d’otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi qu’une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé depuis cinq mois.

Mardi, un dirigeant du Hamas, Mahmoud Mardawi, a réitéré les exigences du Hamas avant tout accord sur les otages: un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour des déplacés de guerre, des conditions rejetées par Israël.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué plus de 30.631 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 72.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Parallèlement aux efforts diplomatiques, les combats continuent sur le terrain et Israël se dit déterminé à lancer une opération terrestre sur Rafah, à l’extrême sud du territoire, à la frontière fermée avec l’Égypte, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l’ONU.

«Plus d’aide»

Les Américains haussent le ton ces derniers jours face à la situation humanitaire toujours plus catastrophique dans la bande de Gaza. Mardi, Joe Biden a réclamé «plus d’aide» et estimé qu’Israël n’a «pas d’excuses» pour restreindre l’entrée des convois attendant à la frontière avec l’Égypte.

Soumise au contrôle total d’Israël, l’aide n’entre actuellement qu’au compte-gouttes dans le territoire palestinien, principalement depuis Rafah. Selon l’ONU, la famine est «quasiment inévitable» pour 2,2 des 2,4 millions d’habitants.

Cinq mois de guerre et de siège total, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments et en carburant ont plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire critique. La situation est notamment critique dans le nord, largement ravagé, du territoire où l’acheminement de l’aide par voie terrestre est rendu difficile par les destructions et les opérations militaires israéliennes, et où la faim atteint des «niveaux catastrophiques», selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Selon le PAM, 14 camions transportant environ 200 tonnes de nourriture faisaient route mardi vers le nord, pour la première fois depuis que l’agence y a suspendu ses livraisons le 20 février. Le convoi a ensuite été arrêté à un checkpoint de l’armée israélienne. Après trois heures d’attente à ce checkpoint dans le centre du territoire, le convoi a été contraint de rebrousser chemin puis pillé par «une foule désespérée qui s’est emparée du chargement», a précisé l’agence onusienne.

Le 29 février, des tirs israéliens lors d’une distribution d’aide dans la ville de Gaza (nord) avait fait plus d’une centaine de morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Par ailleurs, huit avions de transport jordaniens, américains, français et égyptien ont procédé mardi à des parachutages d’aide dans le nord de Gaza, a annoncé l’armée jordanienne, qui évoque «la plus grande opération de ce type» depuis le début de la crise. Mais selon Carl Skau, directeur exécutif-adjoint du PAM, «les parachutages sont une solution de dernier recours et ne permettront pas d’éviter la famine», a souligné Carl Skau, directeur exécutif-adjoint du PAM.

«Nous avons besoin de points d’entrée dans le nord de Gaza afin de livrer suffisamment de nourriture pour un demi-million de personnes qui en ont désespérément besoin», a-t-il ajouté.

L’ONU a également exhorté le monde à «inonder» Gaza d’aide. «Les enfants qui commencent à mourir de faim (...) cela devrait être une alarme pas comme les autres», a déclaré mardi Jens Laerke, porte-parole du bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Par Le360 (avec AFP)
Le 06/03/2024 à 08h26