Gaza: poursuite des frappes israéliennes, nouvelles discussions autour d’un accord de cessez-le-feu

Lors d'une frappe aérienne de l'armée israélienne à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 6 juin 2024. AFP or licensors

L’armée israélienne a poursuivi dès les premières heures de ce samedi 8 juin ses bombardements dans plusieurs zones de la bande de Gaza. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken effectuera la semaine prochaine une nouvelle tournée au Moyen-Orient, dans l’espoir de raviver les négociations autour d’un accord de cessez-le-feu.

Le 08/06/2024 à 08h26

L’armée israélienne a poursuivi dès les premières heures de ce samedi 8 juin ses bombardements dans plusieurs zones de la bande de Gaza. Des témoins et des équipes de l’AFP ont fait état de frappes dans différents secteurs, incluant le centre de ce micro-territoire au coeur de violentes frappes au cours des derniers jours.

L’une de ces frappes, jeudi, sur une école de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a fait 37 morts selon un hôpital local. L’armée israélienne avait revendiqué aussi cette frappe qui visait, selon elle, «une base du Hamas», et affirmé vendredi y avoir tué «17 terroristes».

Une version contredite par le Hamas, qui a déclaré que trois personnes présentées comme «mortes» par Israël étaient toujours «en vie», et qu’au moins deux personnes avaient été tuées ailleurs. Le chef de l’Unrwa, Philippe Lazzarini a, lui, accusé Israël d’avoir frappé «sans avertissement préalable» cette école qui abritait, selon lui, «6.000 personnes déplacées» par les combats.

Israël a également été notifié vendredi de son ajout à la «liste de la honte» de l’ONU sur les droits des enfants lors de conflits, dans un rapport attendu d’ici fin juin. Sur demande du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU publie chaque année un rapport qui répertorie les violations des droits des enfants dans une vingtaine de zones de conflits dans le monde, et liste en annexe les responsables de ces violations.

L’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour a salué l’ajout d’Israël. Cela «ne ramènera pas les dizaines de milliers de nos enfants tués par Israël en plusieurs décennies», mais «c’est un pas important dans la bonne direction pour mettre fin au deux poids, deux mesures, et à la culture d’impunité dont a bénéficié Israël pendant trop longtemps», a-t-il commenté sur X.

Une semaine seulement après la nouvelle feuille de route annoncée par le président américain, Joe Biden, les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu semblent piétiner malgré des discussions cette semaine à Doha, au Qatar.

Dans ce cadre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken se rendra la semaine prochaine en Israël, en Égypte, au Qatar et en Jordanie, a annoncé Washington. Mais d’ici le retour au Moyen-Orient du chef de la diplomatie américaine, la scène politique israélienne pourrait, elle, avoir changé.

Benny Gantz, ex-chef de l’armée israélienne reconverti en rival politique de Benjamin Netanyahu, devrait annoncer dès ce soir, selon la presse israélienne, sa démission du gouvernement Netanyahu qu’il avait rejoint après le 7 octobre.

Ce chef du parti de l’Union nationale (centre) avait lancé le 18 mai un ultimatum à M. Netanyahu, exigeant l’adoption d’un «plan d’action» sur l’après-guerre dans la bande de Gaza, faute de quoi il se verrait «contraint de démissionner du gouvernement».

Et son parti avait déposé la semaine dernière une proposition de loi pour dissoudre le Parlement, sans grande chance d’aboutir à ce stade car le Likoud (droite) de M. Netanyahu compte toujours une majorité de députés avec ses alliés des partis d’extrême droite. Ces derniers font également pression sur le Premier ministre, menaçant de quitter son gouvernement en cas d’accord de cessez-le-feu.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte actualisé de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis 8 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 36.731 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et plus de 80.000 blessés, selon le dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 530 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Aide humanitaire bloquée

Pendant ce temps, l’aide internationale, dont l’entrée à Gaza est pratiquement bloquée par l’armée israélienne depuis que cette dernière a pris le contrôle, début mai, du point de passage de Rafah, principale voie d’accès des convois humanitaires. L’ONU a avertit que, si la situation ne changeait pas, près d’un million de Palestiniens seraient exposés à un danger imminent de famine d’ici la fin du mois de juin courant.

L’armée américaine a annoncé vendredi que la jetée temporaire qu’elle avait construite sur le littoral gazaoui pour acheminer de l’aide humanitaire, endommagée par une tempête fin mai, avait été réinstallée après des réparations. Pour l’instant, cette infrastructure éphémère n’a toujours pas distribué d’aides aux populations.



Par Le360 (avec AFP)
Le 08/06/2024 à 08h26