L’armée israélienne multiplie ce mercredi les frappes sur la bande de Gaza, où les télécommunications étaient encore coupées tôt mercredi. Dans l’enclave palestinienne, les forces israéliennes «combattent à Khan Younès» (sud) et «étendent» leurs opérations dans des camps de réfugiés du centre, a indiqué mardi soir le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari. Le chef d’état-major de l’armée Herzi Halevi a prévenu la veille que l’offensive contre Gaza pourrait se prolonger sur des mois, soulignant que «les objectifs de cette guerre ne sont pas faciles à atteindre».
L’armée israélienne a lancé un ordre d’évacuation aux habitants du camp d’al-Bureij (centre) et ses alentours. Certains avaient déjà fui jusqu’à Rafah, où ils sont arrivés avec leurs bagages empilés sur le toit de leurs voitures, selon l’AFP. Plus de 240 personnes ont été tuées par les frappes israéliennes lors des 24 dernières heures, a indiqué mardi le ministère de la Santé du Hamas.
Des corps de Palestiniens, restitués par l’armée israélienne, ont été transportés dans un camion vers une fosse commune à Rafah, où ils ont été enterrés, selon un journaliste de l’AFP sur place. «Nous avons reçu un conteneur contenant un grand nombre de martyrs. Certains étaient des corps complets, tandis pour d’autres, c’étaient des restes humains», a déploré Marwan al-Hams, chef du comité d’urgence sanitaire à Rafah.
Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme s’est à nouveau dit «profondément inquiet des bombardements israéliens continus sur le centre de Gaza» et a appelé à «faire la distinction» entre civils et combattants.
L’attaque du Hamas le 7 octobre a fait environ 1.140 morts, pour la plupart des civils, selon Israël. Environ 250 personnes ont été enlevées, dont 129 restent détenues à Gaza, selon cette source.
Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 20.915 morts, en grande majorité des civils, dont 70% de femmes, d’enfants et d’adolescents, et 54.918 blessées, selon le ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie occupée, un raid israélien tôt ce mercredi a fait six morts et de nombreux blessés dans le secteur de Tulkarem, selon le ministère palestinien de la Santé. Depuis le 7 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par les soldats ou colons israéliens dans ce territoire où le Hamas n’est pas représenté.
Selon l’ONU, 85% des 2,4 millions habitants de Gaza ont été déplacés par la guerre, et la situation humanitaire dans le territoire demeure critique avec la famine qui menace et la plupart des hôpitaux hors service.
Diplomatie de l’aide
Après l’adoption la semaine dernière d’une résolution du Conseil de sécurité exigeant l’acheminement «à grande échelle» de l’aide, l’ONU a nommé mardi une ministre néerlandaise sortante, Sigrid Kaag, comme coordinatrice pour l’aide humanitaire à Gaza.
Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué avoir reçu mardi 41 camions d’aide humanitaire et sept nouvelles ambulances via le poste-frontière de Rafah, ce qui reste largement en deçà des besoins selon l’Organisation mondiale de la Santé.
Discussions pour une trêve humanitaire
L’émir du Qatar Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, dont le pays avait mené une médiation ayant permis une trêve fin novembre, s’est entretenu dans la nuit avec le président américain Joe Biden de la situation. Les deux dirigeants ont discuté des efforts nécessaires «pour apaiser la situation et arriver à un cessez-le-feu permanent», a affirmé la diplomatie qatarie dans un communiqué.
À Washington, la Maison Blanche a évoqué des discussions pour la «libération» des otages détenus par le Hamas, y compris de «citoyens américains», et pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. Fin novembre, une trêve d’une semaine avait permis la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens, et l’entrée à Gaza d’un important volume d’aide. Mais les efforts des médiateurs, surtout égyptien et qatari, n’ont jusque-là pas permis de parvenir à une nouvelle pause humanitaire.