Les forces israéliennes ont effectué ce dimanche des dizaines de frappes aériennes et des tirs d’artillerie dans la bande de Gaza, visant notamment les environs des hôpitaux Nasser et Al-Amal dans la ville de Khan Younès (sud), selon le Hamas, qui chiffre à 178 les personnes tuées ces dernières 24 heures. Selon les affirmations de témoins à un correspondant de l’AFP, l’armée d’Israël a aussi repris les assauts autour du camp de réfugiés de Jabaliya.
Par ailleurs, l’armée israélienne conduit plusieurs opérations en Cisjordanie, à Hébron, Qalqilya et Jénine, a indiqué l’agence de presse palestinienne Wafa. Des incursions de Tsahal et des arrestations ont eu lieu, assure la même source, qui a fait état de deux maisons démolies à Hébron.
À Tel-Aviv, des milliers d’Israéliens se sont rassemblés samedi pour exiger le retour des otages détenus depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza et réclamer le départ du Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusé notamment de poursuivre la guerre pour se maintenir au pouvoir.
De dernier a réitéré son opposition à une «souveraineté palestinienne» à Gaza. Israël doit «s’assurer que Gaza ne constituera plus une menace» et cette exigence «contredit la demande de souveraineté palestinienne», a expliqué M. Netanyahu lors d’un entretien téléphonique vendredi avec le président américain Joe Biden, selon le bureau du Premier ministre. Jeudi, M. Netanyahu avait déjà affirmé qu’Israël devait contrôler la sécurité de «l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain…», englobant la Cisjordanie occupée et Gaza.
Divergences avec Washington
Le conflit, qui entre dans son 107ème jour, met à l’épreuve ses relations avec son principal allié et soutien américain, en particulier sur la question, centrale pour l’après-guerre, d’une solution à «deux États».
Joe Biden «croit toujours à la perspective et à la possibilité» d’un État palestinien, mais «reconnaît qu’il faudra beaucoup de travail pour en arriver là», avait indiqué la Maison Blanche après l’échange téléphonique.
«L’illusion que Biden prêche en faveur d’un État de Palestine (…) ne dupe pas notre peuple», a réagi samedi le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a pour sa part affirmé que «le droit du peuple palestinien» à un État devait être «reconnu par tous» et que tout «déni» était «inacceptable».
L’attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.140 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées fin novembre. Selon Israël, 132 otages se trouvent toujours dans le territoire.
En représailles, les bombardements et les opérations terrestres israéliens dans la bande de Gaza ont tué 25.105 personnes, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, selon un bilan samedi du ministère de la Santé du Hamas.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où le Hamas n’est pas représenté, plus de 380 Palestiniens ont été tués par les soldats ou les colons israéliens, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.
Selon des chiffres révisés de l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), au moins 1,7 million de personnes ont été déplacées dans la bande de Gaza, fuyant les bombardements de l’armée israélienne et se réfugiant dans des camps de fortune construits dans des zones de plus en plus en plus exiguës dans le sud du territoire.
Depuis plus de trois mois, l’enclave palestinienne subit un siège total de l’armée israélienne, sans approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments et en électricité. Les aides humanitaires passent au compte-gouttes, alors que les agences onusiennes et différentes ONG sur place décrivent d’une situation humanitaire et sanitaire catastrophique, s’alarmant de risques de famine et de la propagation de maladies.
La guerre à Gaza exacerbe les tensions dans la région, faisant craindre une embrasement. Le président iranien Ebrahim Raïssi a menacé Israël de représailles après la mort d’au moins cinq militaires iraniens samedi à Damas dans une frappe attribuée à Israël. Selon les médias iraniens, l’attaque a notamment visé le chef en Syrie du renseignement de la Force Qods, l’unité d’élite chargée des opérations extérieures.
À la frontière israélo-libanaise où les échanges de tirs sont quotidiens, un civil et un membre du Hezbollah ont été tués par une frappe israélienne sur leur voiture, selon l’agence officielle ANI.
Dans l’ouest de l’Irak, 15 roquettes ont visé une base abritant des soldats américains, faisant un blessé grave, selon des responsables irakiens et américains. L’attaque a été revendiquée par la «Résistance islamique en Irak», nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran.
De nouvelles frappes américaines ont visé des cibles houthies au Yémen, en réponse aux attaques des rebelles yéménites contre des navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden en «soutien» des Palestiniens.