Gaza: poursuite des bombardements israéliens, les négociations pour une trêve au point mort

De la fumée s'élève au-dessus des habitations lors d'un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 21 avril 2024. AFP or licensors

Combats et bombardements se poursuivent dans l’ensemble de la bande de Gaza, ainsi qu’en Cisjordanie, où l’armée israélienne a mené des raids meurtriers. Les négociations pour une trêve sont au point mort, Israël et le Hamas s’accusant mutuellement de les bloquer.

Le 22/04/2024 à 07h20

Combats et bombardements se poursuivent dans la bande de Gaza lundi, l’armée israélienne ayant intensifié ses opérations dans l’ensemble du territoire palestinien. L’aviation et l’artillerie israéliennes ont attaqué le quartier de Zaïtoune, au sud-est de la ville de Gaza, et des drones ont frappé la cour d’une école dans le camp de réfugiés d’al-Bureij, dans le centre. Dans ce même camp, au moins trois personnes ont été blessées dans le bombardement d’une mosquée, d’après des sources médicales.

L’aviation israélienne a également bombardé les villes de Rafah et Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, où la Défense civile palestinienne a annoncé dimanche avoir exhumé plus d’une centaine de corps de Palestiniens enterrés dans la cour du Complexe médical Nasser, qui était avant se destruction un des plus grands hôpitaux du territoire palestinien assiégé.

Ces cadavres «étaient dépouillés de leurs vêtements, ce qui indique certainement qu’ils ont été arrêtés, torturés et soumis à de mauvais traitements de la part de l’armée d’occupation», a déclaré à l’AFP Mahmoud Bassal, un porte-parole de la Défense civile. Des journalistes de l’AFP ont vu des membres de la Défense civile exhumer des restes humains dans la cour de l’hôpital et des Gazaouis massés au même endroit, à la recherche de proches disparus.

Parmi eux, Oum Mohammed al-Harazeen qui cherche son époux. «Il a disparu depuis environ un mois. Il ne sortait que pour nous apporter de la nourriture et de l’eau. Il a disparu au moment où l’armée israélienne est entrée dans Khan Younès», dit-elle. Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne, qui s’est retirée de Khan Younès le 7 avril après plusieurs semaines d’intenses frappes et de raids, notamment au Complexe médical Nasser, a dit «vérifier ces affirmations».

Raids israéliens en Cisjordanie occupée

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne sans relâche depuis plus de 6 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opérations terrestres de l’armée israélienne ont fait 34.097 morts palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et près de 77.000 blessés, selon un bilan publié dimanche par le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne conduit également des opérations militaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté. Depuis le 7 octobre 2023, au moins 470 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes ou des colons en Cisjordanie, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Deux adolescents palestiniens ainsi qu’une femme ont été tués par balle dimanche par des soldats israéliens dans deux événements séparés, selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. Au moins 14 personnes ont été tuées ces derniers jours lors d’un raid israélien sur le camp de réfugiés de Nour Shams près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, selon le Croissant-Rouge palestinien.

«Les soldats israéliens ont tué tellement de personnes ici au fil des années que j’en ai perdu le compte», a déclaré à l’AFP Ibrahim Ghanim, un étudiant en droit de 20 ans assistant aux obsèques.

Outre le lourd bilan humain et les destructions dans la bande de Gaza, les quelque 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine selon l’ONU, qui exhorte à l’entrée de plus d’aide humanitaire dans ce petit territoire.

Dans ce contexte, les Etats-Unis ont approuvé une aide militaire de 13 milliards de dollars pour leur allié israélien. Pour le Hamas, Washington a donné à Israël le «feu vert» pour continuer à «agresser» les Palestiniens. Dans un message vidéo diffusé dimanche soir, le Premier ministre israélien a une nouvelle fois clamé sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Mais les organisations humanitaires et un nombre croissant de chancelleries étrangères s’opposent à cette opération, craignant qu’elle ne fasse de nombreuses victimes civiles, alors que s’y entassent 1,5 million de Gazaouis, en grande majorité des déplacés qui ont fui les opérations israéliennes dans les autres parties de la bande de Gaza.

Tractations infructueuses

Lors d’une conversation dimanche avec Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a insisté sur la nécessité «d’un cessez-le-feu immédiat qui garantisse la libération des otages».

Mais les négociations pour cette trêve sont au point mort, Israël et le Hamas s’accusant mutuellement de les bloquer. Le Qatar, principal médiateur, a annoncé la semaine dernière qu’il allait «procéder à une réévaluation globale» de son rôle après des mois de tractations infructueuses, se disant excédé par les critiques israéliennes et de certains hommes politiques américains.


Par Le360 (avec AFP)
Le 22/04/2024 à 07h20