L’armée israélienne a poursuivi ses bombardements sur l’ensemble de la bande de Gaza ce mercredi, se disant prête à «tout scénario» au lendemain de la frappe dans la banlieue de Beyrouth, au Liban, qui a tué six personnes, dont Saleh Al Arouri, numéro 2 de la branche politique du mouvement palestinien Hamas.
«Un mouvement dont les leaders et les fondateurs tombent en martyrs pour la dignité de notre peuple et de notre nation ne sera jamais vaincu», a réagi Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, dénonçant «une violation de la souveraineté du Liban» et une «expansion» de la guerre en cours dans la bande de Gaza.
Le Hezbollah libanais a prévenu dès mardi soir que l’assassinat de Saleh al-Arouri était non seulement une «grave agression contre le Liban», mais aussi «un sérieux développement dans la guerre entre l’ennemi et l’axe de la résistance».
«Ce crime ne restera pas sans riposte ou impuni», a ajouté le Hezbollah dont le secrétaire général, Hassan Nasrallah, doit prononcer ce mercredi soir un discours très attendu à l’heure où le Premier ministre libanais Najib Mikati accuse Israël de «vouloir entraîner le Liban dans une nouvelle phase de confrontation».
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, les tensions se multiplient à la frontière israélo-libanaise, en Syrie et en Irak où des bases américaines sont prises pour cible, et en mer Rouge avec des attaques des rebelles Houthis, dont de nouvelles mardi soir selon l’armée américaine, visant à freiner le trafic maritime en soutien à Gaza.
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes, et plus d’une centaine d’otages sont toujours retenus par le mouvement palestinien à Gaza.
En représailles, l’armée israélienne pilonne depuis cette date la bande de Gaza, assiégée et privée de tout approvisionnement en eau, en nourriture, en électricité, et médicaments et en carburant. Ses bombardements et ses opérations terrestres dans le Territoire palestinien a tué 22.185 personnes, en grande majorité des civiles, dont 70% de femmes et d’enfants, auxquelles s’ajoutent des milliers d’autres ensevelies sous les décombres, d’après le ministère de la Santé du Hamas.
Saleh Al Arouri, chef en exil du Hamas pour la Cisjordanie occupée, est le plus haut responsable du mouvement palestinien tué depuis le début de cette nouvelle guerre. Peu après l’annonce de sa mort, de nombreux Palestiniens se sont rassemblés dans les rues de Ramallah, en Cisjordanie occupée.
«La nouvelle du martyre de Saleh Al Arouri est très difficile pour nous, mais il ne vaut pas mieux que plus des 20.000 martyrs morts à Gaza», a dit sur place à l’AFP Diya Zaloum, un jeune manifestant. Et dans la nuit, l’agence palestinienne Wafa a fait état d’opérations israéliennes dans divers secteurs de la Cisjordanie occupée, où près de 320 Palestiniens ont été tués par les soldats ou les colons israéliens depuis le 7 octobre.
«Taillés en pièces»
Malgré les demandes de cessez-le-feu de la communauté internationale, l’armée israélienne a prévenu que ses opérations militaires dans la bande de Gaza devraient durer «tout au long de l’année».
Dans la nuit de mardi à mercredi, le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a «déploré» des frappes «inadmissibles » sur un hôpital de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont notamment endommagé des installations locales du Croissant-Rouge palestinien. Et tôt mercredi matin, un journaliste de l’AFP a fait état de frappes sur Khan Younès où le ministère de la santé du Hamas a dénombré de « nombreux » morts.
Les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza -dont 85% ont été déplacés par les bombardements israéliens selon l’ONU- sont confrontés à des pénuries extrêmes de nourriture, d’eau, de carburant et de médicaments. «Cela fait sept jours que je suis ici, je dors sous la pluie, sans tente (...) nous avons dû quémander des couvertures dans des appartements autour», soupire Wojoud Kamal al-Shinbary, qui a trouvé refuge à Rafah, ville à la pointe sud du territoire jouxtant l’Egypte qui n’est pas non plus épargnée par les frappes israéliennes.
«Nous ne trouvons pas à manger, à boire, nous mourrons de froid, j’ai un bébé et je n’arrive pas à lui trouver des couches, de l’eau et du lait en poudre», dit-elle. Au camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de Gaza, Sajda Maarouf témoigne aussi de son enfer après des frappes israéliennes: «les bombes s’abattaient sur nous, des gens étaient taillés en pièces (...) nous voulons une trêve, s’il vous plaît, nous sommes épuisés».