Gaza: poursuite des bombardements israéliens, appels à une enquête après des tirs lors d’une distribution d’aide

De la fumée s'élevant au-dessus de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, lors d'un bombardement israélien le 1er mars 2024.. AFP or licensors

L’armée israélienne a poursuivi ses bombardements dans différentes zones de la bande de Gaza, alors que la communauté internationale réclame une enquête après une tragique distribution d’aide humanitaire lors de laquelle des tirs israéliens, suivis d’une bousculade, ont fait 115 morts.

Le 02/03/2024 à 07h25

La communauté internationale réclame un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et une enquête sur les responsabilités après une meurtrière distribution d’aide humanitaire à Gaza-ville, dans le nord, le jeudi 29 février. Des témoins ont affirmé que des soldats israéliens ont tiré sur une foule qui se précipitait vers des camions chargés d’aides. Le bilan est de 115 morts et environ 760 blessés, selon le Hamas.

Principal allié d’Israël, Washington a exigé des «réponses» du gouvernement de Benjamin Netanyahu après la tragédie et plaidé pour «un accord sur un cessez-le-feu temporaire». L’Union européenne a appelé à une enquête et à un cessez-le-feu humanitaire, et son chef chef de la diplomatie Josep Borrell, a dénoncé un «nouveau carnage» et des morts «totalement inacceptables».

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a quant à lui demandé «une enquête indépendante efficace». Une équipe de l’ONU, qui a rendu visite à des blessés vendredi à l’hôpital al-Chifa à Gaza-ville, a constaté «un grand nombre de blessures par balles», a déclaré le porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric. Il a ajouté que 200 blessés se trouvaient toujours dans cet hôpital sur plus de 700 qui y ont été transportés.

Aide humanitaire insuffisante

En particulier dans le nord du territoire palestinien, où le besoin s’en fait le plus ressentir, les opérations militaires israéliennes et les destructions rendent l’acheminement de l’aide presque impossible. En outre, les cargaisons, soumises au contrôle d’Israël, n’entrent qu’en quantité très limitée, principalement depuis l’Égypte via Rafah. Un porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré à la presse que près d’un millier de camions attendaient à la frontière égyptienne.

Joe Biden a annoncé vendredi que les États-Unis allaient participer «dans les prochains jours» à des largages d’aide humanitaire sur la bande de Gaza, où 2,2 millions de personnes, soit la quasi totalité de la population, sont menacées de famine, selon l’ONU. Le président américain a aussi dit espérer une trêve d’ici au ramadan, qui commence le soir du 10 mars ou le 11. «Mais on n’y est pas encore», a-t-il prévenu en s’adressant à des journalistes.

Selon l’administratrice de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), seuls 96 camions en moyenne sont entrés quotidiennement dans le territoire au cours de la semaine écoulée. «C’est une fraction de ce qui est nécessaire», a dit Samantha Power. «Nous allons insister auprès d’Israël pour qu’il facilite l’entrée de davantage de camions et qu’il augmente les voies d’accès à Gaza (...) Il n’y a vraiment pas assez d’aide qui arrive à Gaza», a déclaré Joe Biden.

Plusieurs pays ont déjà largué des cargaisons d’aide, mais «les largages aériens ne peuvent pas et ne doivent pas se substituer à l’accès humanitaire», a commenté samedi l’ONG International Rescue Committee (IRC).

Les bombardements et les raids israéliens contre les hôpitaux, ainsi que les pénuries causées par le siège ont notamment mis à genoux le système de santé palestinien dans la bande de Gaza. Dix enfants sont morts de «malnutrition et de déshydratation» ces derniers jours, a affirmé vendredi le ministère de la Santé du Hamas.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué plus de 30.228 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 71.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

La branche armée du Hamas a affirmé vendredi que 7 otages étaient morts au cours des dernières semaines dans des bombardements israéliens.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes. Un adolescent palestinien de 16 ans a été tué ce samedi par des soldats israéliens dans un village près de Ramallah, a rapporté l’agence palestinienne Wafa.

Pourparlers fragilisés

Les événements de jeudi à Gaza portent un coup aux efforts des pays médiateurs, qui y espèrent une trêve pendant le ramadan. Le Qatar, les États-Unis et l’Égypte tentent depuis des semaines d’arracher aux deux camps un compromis qui rendrait possible une trêve associée à de nouvelles libérations d’otages, mais aucune avancée concrète n’a été annoncée jusqu’à présent.

Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur la libération des otages, ainsi que la levée du blocus israélien et l’entrée d’une aide humanitaire accrue. Israël répète de son côté qu’une trêve devrait être accompagnée de la libération de tous les otages et ne signifierait pas la fin de la guerre.

Benjamin Netanyahu a annoncé une prochaine offensive terrestre sur Rafah, à l’extrême sud de la bande de Gaza, ville où sont réfugiés près d’un million et demi de Palestiniens ayant fui les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, et déjà soumis depuis plusieurs semaines à des frappes quotidiennes.

Par Le360 (avec AFP)
Le 02/03/2024 à 07h25