Gaza: Israël poursuit son offensive terrestre, sourd aux appels au cessez-le-feu

Les frappes aériennes des forces israéliennes sur la bande de Gaza se sont multipliées dans la nuit du 4 novembre 2023. AFP or licensors

L’armée israélienne poursuit sa progression et ses bombardements dans la bande de Gaza, où une nouvelle frappe sur un camp de réfugiés a fait des dizaines de morts le samedi soir. La Turquie, où est attendu le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, a annoncé le rappel de son ambassadeur à Tel-Aviv, après le refus par Israël de toute trêve,

Le 05/11/2023 à 07h35

L’armée israélienne progresse dans la bande de Gaza, malgré les appels au cessez-le-feu et le désespoir des civils palestiniens après 30 jours de guerre. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état dans la nuit de samedi à dimanche d’au moins 30 morts dans le bombardement d’un camp de réfugiés, ajoutant que la majorité des victimes étaient des enfants et des femmes.

Depuis le début du conflit, il y a près d’un mois, 9.488 personnes, essentiellement des civils, dont 3.900 enfants, ont été tuées par les frappes israéliennes dans le territoire palestinien de 362 km2, selon le dernier bilan samedi du gouvernement local.

Samedi, l’un des bombardements israéliens a touché, selon le Hamas, une école de l’ONU où s’abritaient des déplacés dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord, faisant 15 morts. «Les bombes tombaient sur nous, les gens étaient coupés en morceaux, ils sont tous morts ou blessés, nous voulons une trêve, s’il vous plaît, nous sommes épuisés», a imploré Sajda Maarouf, réfugiée dans une école.

À l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud du territoire, «rattachez moi mes jambes», hurle Layan al-Baz, 13 ans, chaque fois que la douleur la réveille sur son lit d’hôpital, saisie par l’effroi après avoir été amputée. Selon sa mère, Lamia al-Baz, 47 ans, l’enfant a été blessée la semaine dernière dans un bombardement sur le quartier al-Qarara, dans lequel elle a aussi perdu deux filles et deux petits-enfants.

Combats acharnés au sol

Appuyés par des bombardements et des tirs d’artillerie, les soldats israéliens ont intensifié leurs opérations au sol dans le nord de Gaza et mené un «raid ciblé» dans le sud, d’après l’armée israélienne. Le Hamas a affirmé avoir ciblé un convoi militaire israélien avec des obus et infligé des «pertes à l’ennemi». Au moins 29 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l’opération terrestre à Gaza le 27 octobre, d’après l’armée.

En Israël, au moins 1.400 personnes sont mortes selon les autorités depuis le 7 octobre, en majorité des civils tués le jour de l’attaque du Hamas. Le mouvement palestinien détient en outre 241 otages et prisonniers, selon l’armée.

À la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont quotidiens. Depuis le 7 octobre, 72 personnes ont péri côté libanais, dont 54 combattants du Hezbollah. Six soldats et un civil ont été tués côté israélien.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, plus de 140 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, selon l’Autorité palestinienne. Des attaques condamnées par l’ONU et l’UE.

En quatre semaines, les bombardements israéliens ont provoqué d’immenses destructions à Gaza -déjà soumise à un blocus israélien depuis 2007- et entraîné selon l’ONU le déplacement de 1,5 million de personnes, qui survivent dans des conditions extrêmement précaires.

Suspension des évacuations vers l’Égypte

D’après un responsable américain, 350.000 à 400.000 personnes se trouveraient encore dans le nord, où se concentre l’essentiel des combats. Mais les bombardements israéliens n’épargnent pas le sud du territoire non plus.

Près de 450 camions d’aide humanitaire ont franchi depuis le 21 octobre le terminal de Rafah (sud), à la frontière avec l’Égypte, selon le décompte de l’ONU, qui juge ce nombre largement insuffisant. Via Rafah également, plusieurs centaines de blessés, d’étrangers et de binationaux ont pu quitter Gaza vers l’Égypte depuis le 1er novembre, mais le gouvernement du Hamas a décidé de suspendre samedi ces évacuations en raison du refus d’Israël de laisser partir des blessés palestiniens.

«Aucun détenteur de passeport étranger ne pourra partir avant que les blessés qui doivent être évacués des hôpitaux du nord de la bande de Gaza ne puissent être transportés vers le terminal de Rafah», a déclaré à l’AFP un responsable de l’administration des points de passage.

Erdogan rompt avec Netanyahu

Sur le plan diplomatique, c’est le statu quo, après le refus par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de «pauses humanitaires» demandées par les États-Unis via le chef de sa diplomatie, Antony Blinken, en déplacement dans la région..

Ce dernier a également rencontré, le samedi 4 novembre à Amman, le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Al-Safadi, ainsi que ses homologues d’Égypte, d’Arabie saoudite, des Emirats arabes unis et du Qatar.

Cependant, M. Blinken, attendu ce dimanche à Ankara, a réitéré l’opposition des Etats-Unis à un cessez-le-feu, privilégiant des «pauses humanitaires» pour acheminer l’aide aux 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, soumis à des bombardements incessants depuis le 7 octobre et subissant un «siège complet», coupant les approvisionnements en eau, électricité et nourriture.

Face au refus d’Israël d’un cessez-le-feu, la Turquie a annoncé samedi le rappel de son ambassadeur en Israël. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi déclaré rompre tout contact avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui «n’est plus quelqu’un avec qui nous pouvons parler», selon lui.


Par Le360 (avec AFP)
Le 05/11/2023 à 07h35