L’armée israélienne «ordonne l’évacuation de tous les civils de la ville de Gaza de leurs domiciles vers le sud, pour leur propre sécurité et protection», a-t-elle annoncé dans un communiqué ce vendredi à l’aube. Les civils devront «se rendre dans le secteur au sud du Wadi Gaza», un ruisseau situé au sud de la ville de Gaza, a-t-elle ajouté. «Vous ne serez autorisés à retourner dans la ville de Gaza que lorsqu’une autre annonce le permettant sera faite», a précisé ce communiqué.
À New York, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que l’armée israélienne avait informé l’organisation de cet ordre d’évacuation, qui concerne selon lui environ 1,1 million d’habitants du nord de la bande de Gaza.
Il a averti qu’une évacuation d’une telle ampleur était «impossible sans provoquer des conséquences humanitaires dévastatrices». Dans ces circonstances, «les Nations unies appellent fortement à ce que cet ordre (...) soit annulé pour empêcher de transformer ce qui est déjà une tragédie en une situation calamiteuse», a-t-il insisté.
Quelques heures plus tôt, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait promis, à l’issue d’un entretien à Tel-Aviv avec le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, d’anéantir le Hamas. Des déclarations qui laissent présager une offensive terrestre dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a annoncé jeudi avoir largué sur la bande de Gaza environ 6.000 bombes pour un total de 4.000 tonnes d’explosifs depuis samedi.
6.000 bombes, 4.000 tonnes d’explosifs
Dans l’enclave palestinienne, le fracas des explosions, des drones et autres déflagrations est incessant, de jour comme de nuit. «Pourquoi? On n’a rien fait!», hurle un homme en regardant des brancardiers emmener le corps sans vie d’un proche, tout juste sorti des décombres dans un quartier bombardé par les frappes israéliennes.
Plus de 423.000 Palestiniens ont été déplacés ces derniers jours dans la bande de Gaza pour fuir les bombardements, selon l’ONU, qui a lancé un appel d’urgence aux dons à hauteur de 294 millions de dollars pour répondre aux «besoins urgents» des territoires palestiniens. L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) accueille environ 64% de ces déplacés dans 102 de ses établissements.
Jeudi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a exhorté les Gazaouis à se montrer «inébranlables» et «rester sur leur terre», alors que les appels se multiplient pour que l’Egypte autorise un passage sécurisé pour les civils en provenance de la bande de Gaza. L’Egypte, qui plaide en faveur d’une solution diplomatique et appelle à la retenue de part et d’autre, s’oppose à l’idée de laisser les Palestiniens fuyant la guerre entrer sur son territoire.
Boire de l’eau de mer
«L’unique centrale électrique de la bande de Gaza s’est trouvée à court de carburant et a cessé de fonctionner, coupant la seule source d’électricité» de l’enclave dont la plupart des habitants «n’ont plus accès à l’eau potable», a rapporté dans un communiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha).
Selon cette organisation, un réservoir d’eau et une usine de désalinisation avaient été touchés par des frappes aériennes. «L’Unicef a indiqué que certains ont commencé à boire de l’eau de mer, très salée, et contaminée par 120.000 m3 d’eaux usées non traitées chaque jour», ajoute le texte.
La bande de Gaza, enclave pauvre et exiguë où s’entassent 2,4 millions d’habitants qui subissent un blocus terrestre, aérien et maritime depuis 2006, est désormais en état de siège, privée d’approvisionnements en eau, en électricité et en nourriture, coupés par Israël.
Outre les bombardements, l’armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour de Gaza et à la frontière avec le Liban, pays depuis lequel le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas, lance régulièrement des roquettes contre Israël.
Blinken en Jordanie
Pendant sa visite-éclair en Israël, Antony Blinken a dit avoir discuté «des moyens de répondre aux besoins humanitaires des habitants de Gaza». En Jordanie, où il est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi, le secrétaire d’Etat doit rencontrer le roi Abdallah II et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il est ensuite attendu au Qatar, en Arabie saoudite, en Egypte et aux Emirats arabes unis.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir vendredi pour aborder la situation dans la bande de Gaza. Une première réunion du Conseil, le 8 octobre, n’avait abouti à aucune condamnation unanime de l’attaque du Hamas.