Gaza: Israël déterminé à mener une offensive à Rafah, malgré des pourparlers autour d’une trêve

De la fumée se dégage après un bombardement israélien sur la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 février 2024. AFP or licensors

Toujours déterminé à lancer une offensive militaire contre la ville de Rafah, malgré les mises en garde de plusieurs pays et organisations humanitaires, Israël dit avoir un «plan d’évacuation» des civils dans la bande de Gaza, menacée d’une «famine de masse» selon l’ONU.

Le 26/02/2024 à 07h31

De nombreux pays, dont les Etats-Unis, principal allié d’Israël, et organisations humanitaires ont mis en garde contre une opération terrestre à Rafah, où s’entassent, selon l’ONU, plus de de 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés, dans des conditions extrêmement précaires. Adossée à la frontière fermée de l’Égypte, la ville est aussi un point d’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

L’armée «a présenté au cabinet de guerre un plan pour l’évacuation des populations des zones de combat dans la bande de Gaza, ainsi que le plan d’opérations à venir», a indiqué le Bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un communiqué. Aucun détail n’a été fourni sur les modalités d’une évacuation ni sur les endroits d’un nouveau déplacement.

Alors que des pourparlers en vue d’une trêve ont repris au Qatar, l’opération terrestre contre Rafah ne serait que «retardée» si une trêve en cours de négociation était conclue, a-t- il déclaré dimanche sur la chaîne américaine CBS.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi que 92 Palestiniens avaient été tués dans des frappes nocturnes de l’armée israélienne, dont 15 membres d’une même famille dans le bombardement d’une maison dans la ville de Gaza.

Depuis le début de la guerre, la bande de Gaza, assiégée par Israël, subit une catastrophe humanitaire majeure. Selon l’ONU, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées d’une «famine de masse».

Forcés de manger du fourrage

Dimanche, selon un correspondant de l’AFP, des centaines de personnes, poussées par la faim, ont fui le nord de Gaza, où 300.000 habitants risquent la famine selon l’ONU. L’aide internationale, qui entre au compte-gouttes depuis l’Égypte, est soumise au contrôle d’Israël et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats.

Des Palestiniens de Gaza ont confié ces derniers jours à l’AFP être forcés de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir. «Dans les dix prochains jours, beaucoup de gens vont mourir. Ils mourront de faim, pas des bombardements», a déclaré un habitant, Marwan Awadieh.

«Tuer notre peuple en l’affamant est un crime de génocide qui menace tout le processus de négociations», a affirmé à l’AFP un responsable du Hamas dans le nord de Gaza. Une famine peut encore être «évitée» à Gaza si Israël permet aux agences humanitaires d’y faire entrer «une aide significative», a affirmé dimanche le commissaire général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 4 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont tué 29.692 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait près de 70.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 420 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Un «terrain d’entente»

De nombreuses voix, y compris les États-Unis, principal allié d’Israël, et l’ONU, s’inquiètent du sort de la population à Rafah en cas d’offensive terrestre. «Il y a de la place» pour que les civils «aillent au nord de Rafah, dans les zones où nous avons terminé le combat», a affirmé Benjamin Netanyahu sur CBS.

Les pays médiateurs tentent parallèlement d’arracher aux deux parties un compromis en vue d’une trêve. Des représentants égyptiens, qataris et américains, ainsi que d’Israël et du Hamas, ont repris dimanche à Doha les négociations qui «seront suivies de réunions au Caire», selon une télévision proche du renseignement égyptien, AlQahera News.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a affirmé dimanche qu’un «terrain d’entente» a été trouvé lors d’une récente réunion à Paris entre des représentants d’Israël, des Etats-Unis, de l’Egypte et du Qatar, sur les «contours» d’un possible accord portant sur la libération des otages et «un cessez-le-feu temporaire».

L’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, est par ailleurs attendu à Paris mardi ou mercredi pour évoquer les négociations en cours avec le président français Emmanuel Macron.

D’après une source du Hamas, les discussions portent sur la première phase d’un plan élaboré en janvier par les médiateurs, qui prévoit une trêve de six semaines associée à la libération d’otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée à Gaza d’une importante quantité d’aide humanitaire.

Mais pour conclure un accord, Israël exige au préalable la libération de tous les otages et a prévenu qu’une pause dans les combats ne signifiait pas la fin de la guerre. Le Hamas réclame de son côté un cessez-le-feu complet, le retrait des troupes israéliennes de Gaza, la levée du blocus imposé par Israël depuis 2007 et un abri sûr pour les centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Par Le360 (avec AFP)
Le 26/02/2024 à 07h31