Gaza: intenses bombardements israéliens, divergences entre Tel-Aviv et Washington sur un futur État palestinien

De la fumée s'élevant au-dessus de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza, lors d'un bombardement israélien, le 18 janvier 2024.. AFP or licensors

L’armée israélienne a poursuivi ce vendredi ses bombardements du sud de bande de Gaza, sur fond d’un important différend entre Tel-Aviv et Washington à propos d’un futur État palestinien, d’une régionalisation croissante du conflit et d’une situation humanitaire qui demeure critique.

Le 19/01/2024 à 07h43

Aux premières heures de ce vendredi, des témoins ont fait état de tirs et des frappes aériennes israéliennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza et épicentre des combats depuis quelques semaines. Le Croissant-Rouge palestinien a déploré d’intenses tirs d’artillerie autour de l’hôpital local al-Amal, l’un des derniers encore fonctionnel, le ministère de la Santé du Hamas faisant état de 77 morts dans des frappes nocturnes sur l’ensemble de la bande de Gaza.

À Gaza, où environ 80% de la population a été déplacée par les bombardements israéliens, la situation humanitaire demeure critique. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé dans la nuit avoir recensé 24 cas d’hépatite A, une infection virale du foie et des milliers de cas de jaunisse probablement liées à la propagation de cette hépatite.

«Les conditions de vie inhumaines -presque pas d’eau potable, de toilettes propres et de possibilité de garder les environs propres- permettront à l’hépatite A de se propager davantage», a écrit sur X le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, évoquant un contexte sanitaire «explosif».

L’attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël a fait 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels. Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 132 restent détenues, dont 27 seraient mortes.

En représailles, les bombardements ininterrompus et les opérations israéliennes depuis le 7 octobre ont tué 24.620 personnes, en majorité des civils, essentiellement des femmes, des enfants et des adolescents, et fait 61.830 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Au cours de la nuit, l’armée israélienne a mené des raids dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée, notamment à Tulkarem où le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne dénombre au moins six morts depuis mercredi. Depuis le 7 octobre, plus de 370 Palestiniens ont été tués par les soldats ou les colons israéliens, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et où le Hamas n’est pas représenté.

Quid d’un État palestinien?

«Nous ne nous satisferons pas de moins qu’une victoire totale, ce qui signifie la destruction des capacités opérationnelles et militaires du Hamas, le retour de nos otages à la maison, la démilitarisation de Gaza avec un contrôle sécuritaire d’Israël total et sur tout ce qui entre» dans ce territoire palestinien, a déclaré jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Et d’ajouter: «Israël doit avoir le contrôle de la sécurité sur l’ensemble du territoire situé à l’ouest du Jourdain. Il s’agit d’une condition nécessaire, qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté (palestinienne)».

«Nous voyons évidemment les choses de façon différente», a lâché le porte-parole du Conseil national de sécurité John Kirby. Les États-Unis, principal allié d’Israël, répètent de leur côté que la création et la reconnaissance d’un État palestinien viable est nécessaire pour envisager une «véritable sécurité».

«Sans un État palestinien indépendant (...) il n’y aura ni sécurité ni stabilité dans la région. La région entière est sur le bord d’une éruption volcanique en raison de politiques agressives des autorités d’occupation israélienne contre le peuple palestinien et ses droits légitimes», a déclaré le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas dans une réaction aux propos de Benjamin Netanyahu.

Houthis vs Washington

La communauté internationale redoute déjà un débordement du conflit avec les échanges de tirs quotidiens à la frontière israélo-libanaise, la multiplication des attaques des Houthis contre les navires marchands en mer Rouge et dans le golfe d’Aden et l’intensification des frappes américaines au Yémen.

Tôt vendredi, les rebelles yéménites ont revendiqué des tirs contre un pétrolier américain, le Chem Ranger, circulant dans le Golfe d’Aden, nouvelle attaque en date de ce groupe soutenu par l’Iran contre des navires marchands en «solidarité» avec Gaza.

Le commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a confirmé que les Houthis avaient bien visé le Chem Ranger, sans toutefois l’atteindre comme le prétendent les rebelles. Plus tôt, jeudi, les États-Unis avaient bombardé pour la cinquième fois des sites Houthis au Yémen, avec l’appui de Londres.

«La folie et l’idiotie des États-Unis et du Royaume-Uni ont joué contre eux: désormais aucun de leur navire ne pourra franchir une des principales voies commerciales au monde», a déclaré vendredi Mohammed al-Bukhaiti, un membre de la direction politique des Houthis, au quotidien russe Izvestia. Et d’ajouter, en sens inverse, que les navires de la Russie et de la Chine ne sont pas menacés: «nous sommes même prêts à assurer leur passage sécurisé en mer Rouge».

Par Le360 (avec AFP)
Le 19/01/2024 à 07h43