Dans le nord du territoire palestinien où la situation humanitaire est particulièrement catastrophique, les autorités du Hamas ont affirmé que 19 Palestiniens qui attendaient un convoi d’aide près de Gaza-Ville avaient été «tués par des tirs israéliens».
L’armée israélienne a démenti. Selon «de premiers éléments», «il n’y a pas eu de frappe aérienne contre le convoi, ni de tirs par des forces (israéliennes) sur les gens près du convoi d’aide», a-t-elle dit.
Après plus de cinq mois d’une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre par une attaque meurtrière du Hamas contre Israël, M. Guterres s’est rendu côté égyptien de Rafah dont une partie se trouve dans le sud de la bande de Gaza assiégée, pour, a-t-il dit, attirer l’attention sur la «douleur» des Palestiniens, prisonniers d’«un cauchemar sans fin».
«Rien ne justifie les attaques horribles du Hamas le 7 octobre. Et rien ne justifie la punition collective subie par le peuple palestinien. Maintenant plus que jamais, il est temps d’un cessez-le-feu humanitaire immédiat», a lancé M. Guterres, en appelant le Hamas à «relâcher immédiatement tous les otages» enlevés le 7 octobre.
Ces dernières 24 heures, les bombardements incessants israéliens ont fait selon le ministère de la Santé du Hamas plus de 70 morts dans le petit territoire palestinien où la plupart des 2,4 millions d’habitants sont menacés de famine d’après l’ONU.
À Rafah, un bombardement nocturne sur une maison a tué une grand-mère, Nadia Kawareh, et quatre de ses petits-enfants âgés entre 3 et 12 ans, ont indiqué des proches.
«Nous en avons assez, je vous assure. Lâchez une bombe sur nous et libérez-nous de cette vie. Aucun être humain ne pourrait supporter ce qui nous arrive», a dit en pleurant Turkiya Barbakh, un proche des victimes.
Opération à l’hôpital al-Chifa
Au sixième jour de son opération contre le complexe hospitalier al-Chifa à Gaza-Ville, l’armée israélienne a dit qu’elle la poursuivrait jusqu’à la capture «du dernier terroriste». Après avoir affirmé que des «terroristes haut-gradés du Hamas» s’y cachaient, elle a fait état de plus de 170 combattants palestiniens tués jusque-là et de centaines de suspects arrêtés.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d’Israël qui a fait au moins 1.160 morts, essentiellement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes. D’après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
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Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Son armée a lancé une campagne de bombardements intenses suivie le 27 octobre d’une offensive terrestre durant laquelle elle a progressé du nord au sud du territoire, aux portes de Rafah. Selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, 32.142 personnes ont été tuées à Gaza, la plupart des civils.
«Profondes divergences»
Outre le lourd bilan humain et la catastrophe humanitaire, la communauté internationale s’inquiète d’une éventuelle offensive terrestre israélienne sur Rafah, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait savoir au secrétaire d’État Antony Blinken, en visite vendredi en Israël dans le cadre d’une tournée régionale, que son armée comptait bien mener une offensive à Rafah, «dernier bastion» du Hamas selon lui, même sans le soutien de l’allié américain.
Pour M. Blinken, une telle opération «risque de tuer davantage de civils».
La sixième tournée au Moyen-Orient du responsable américain était censée aider à débloquer les pourparlers au Qatar impliquant les médiateurs internationaux, en vue d’une trêve dans la guerre.
Mais samedi, un responsable du Hamas a fait état de «profondes divergences» avec Israël au sujet d’une éventuelle trêve.
Sur fond de tensions croissantes entre Washington et Israël, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant se rend dimanche aux États-Unis.
«Il a perdu sa vie pour rien»
Lundi, un vote est prévu au Conseil de sécurité de l’ONU sur un nouveau projet de résolution exigeant un cessez-le-feu «immédiat», préparé par huit des dix membres non permanents du Conseil.
Israël impose un siège complet à Gaza depuis le 9 octobre et contrôle strictement l’aide qui arrive principalement depuis l’Égypte via Rafah. Ces contrôles réduisent selon l’ONU le nombre de camions entrant dans le territoire palestinien.
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Dans le nord de la bande de Gaza, Belal Hzilah a raconté que son neveu figurait parmi les Palestiniens tués au point de distribution de l’aide près de Gaza-Ville. «Il voulait emmener de la farine et de la nourriture. Il a un fils de deux mois et onze personnes dépendent de lui. Ils n’ont rien à manger (...) Il a perdu sa vie pour rien», a-t-il dit à l’AFP.
Pour aider la population, plusieurs pays organisent quotidiennement des parachutages de vivres et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre vers Gaza. Mais ces aides restent insuffisantes face aux besoins immenses.
Outre son appel à un cessez-le-feu, M. Guterres a demandé à Israël de prendre un «engagement solide» pour faciliter l’entrée de l’aide humanitaire.
Pour le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz, sous le «leadership» de M. Guterres, «l’ONU est devenue une organisation antisémite et anti-israélienne (...).»