Sergio Matterella, le président de la République italienne, a récompensé il y a quelques jours trente citoyens qui se sont distingués par leur entrepreneuriat éthique, leur engagement envers les détenus, leur solidarité, leur bénévolat, leurs activités en faveur de l’inclusion sociale, de la légalité, du droit à la santé et pour des actes d’héroïsme.
Parmi ces trente héros du quotidien élevés au rang de Chevalier de l’Ordre du mérite figure Fatima Zahra El Maliani, jeune Marocaine de 22 ans, née au Maroc mais installée depuis sa prime enfance à Turin.
Étudiante universitaire, spécialisée en études de sécurité internationale à la Scuola Superiore Sant’Anna, la jeune femme gère en parallèle les activités parascolaires de l’école Casarcobaleno à Turin. Ici, dans ce quartier défavorisé de la ville, elle apporte son aide aux enfants dans le besoin.
Un engagement enraciné dans l’enfance
Cet engagement trouve ses racines dans l’enfance de la jeune femme. Née au Maroc, la petite fille, alors âgée de deux ans, quitte le pays en compagnie de sa sœur pour rejoindre leur mère en Italie, dans le Piémont, où celle-ci avait trouvé un emploi d’aide-domestique.
De ce voyage clandestin entrepris avec sa sœur et sa grand-mère, Fatima Zahra El Maliani rapporte quelques bribes dans la presse italienne. «Ma grand-mère me raconte souvent un épisode dont elle se souvient encore: les contrôles aux frontières, les chiens qui aboient et nous qui essayions de retenir nos larmes de peur d’être découvertes, entassées à l’arrière du van» évoque-t-elle.
Arrivées à Turin, les deux sœurs se rendent après l’école au Sermig, le Service Missionnaire Jeunes, une ONG qui a vu le jour en 1964 et qui a pour ambition de vaincre la faim à travers des œuvres de justice et de développement, et qui promeut les valeurs de solidarité et de paix.
«C’est non seulement un lieu de bénévoles engagés dans l’aide aux devoirs, mais aussi un espace de jeu, de compréhension, d’amitié et d’égalité. Je serai toujours reconnaissante à tous les bénévoles qui nous ont aidées et à ma mère qui a compris, malgré son passé, l’importance d’étudier. Elle s’est toujours sacrifiée pour que nous puissions avoir un avenir meilleur», explique la jeune femme.
Le débat sur la citoyenneté
Ainsi, c’est parce que le Sermig «a bouleversé sa vie» que Fatima Zahra El Maliani a décidé d’agir à son tour pour les autres, en aidant les enfants, en accueillant des femmes sans abri ou encore en enseignant l’italien aux migrants.
En effet, les années passant, la jeune marocaine a décidé de «redonner aux autres enfants tout l’amour que j’ai reçu dans mon enfance en devenant bénévole après l’école. La motivation des bénévoles est forte. Nous avons commencé en 2019 avec seulement sept membres et aujourd’hui, leur nombre a considérablement augmenté : il y a environ trente enfants», décrit-elle.
La décoration reçue par la jeune femme en Italie n’a pas manqué de faire réagir la presse locale au sujet de la question de la citoyenneté. Car parmi les trente personnes ayant reçu cette haute distinction, la jeune femme est la seule à ne pas posséder de la nationalité italienne. «Le caractère exceptionnel du cas de Fatima Zahra El Maliani braque les projecteurs sur la question de la citoyenneté, et ravive inévitablement le débat séculaire sur les droits», a ainsi commenté un média italien.