Face à l'Iran, Trump menace de frapper: la tension continue de monter au Proche-Orient

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Les Etats-Unis ont sélectionné 52 sites en Iran et les frapperont "très rapidement et très durement" si la République islamique attaque du personnel ou des sites américains, a averti samedi le président Donald Trump.

Le 05/01/2020 à 07h41

Certains de ces sites iraniens "sont de très haut niveau et très importants pour l'Iran et pour la culture iranienne", a souligné Trump sur Twitter.

Si l'Iran se livre à des représailles anti-américaines comme il a menacé de le faire, "ces objectifs et l'Iran lui-même SERONT FRAPPES TRES RAPIDEMENT ET TRES DUREMENT", a prévenu Trump. "Les Etats-Unis ne veulent plus de menaces!"

L'Iran a promis de venger la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué vendredi par une frappe aérienne américaine à Bagdad.

Trump a souligné que le chiffre de 52 sites iraniens correspondait de manière symbolique au nombre des Américains qui avaient été retenus en otages pendant plus d'un an à partir de la fin de 1979 à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran.

Le président américain a réitéré peu après dans deux nouveaux tweets sa menace à l'adresse des dirigeants iraniens.

"S'ils attaquent encore, ce que je leur conseille fortement de ne pas faire, nous les frapperons plus fort qu'ils n'ont jamais été frappés auparavant!", a écrit M. Trump.

En cas d'attaque iranienne contre leurs intérêts, les forces américaines "utiliseront leur bel équipement tout neuf", et cela "sans hésitation", a insisté le président.

Une parlementaire démocrate américaine, Alexandria Ocasio-Cortez, a qualifié Donald Trump de "monstre" en l'accusant de "menacer de viser et de tuer des familles, des femmes et des enfants innocents". "C'est un crime de guerre", a-t-elle dénoncé dans un tweet.

Les factions pro-Iran en Irak ont fait monter samedi la pression sur les bases abritant des soldats américains à l'issue d'une journée de défilés monstres pour rendre hommage au général Soleimani.

Dans la soirée a commencé ce qui pourrait être le début de l'escalade évoquée depuis la frappe qui a tué le général Soleimani, chef de la Force Al-Qods, chargée des opérations extérieures de l'Iran, et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, coalition de combattants pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

Des roquettes et des obus de mortier se sont abattus sans faire de victimes dans la Zone verte de Bagdad, où se trouve l'ambassade américaine, et sur une base militaire plus au nord, où sont déployés des soldats américains.

"Les Etats-Unis attaquent directement un général iranien et des groupes combattent désormais ouvertement au service de l'Iran pour venger ce général: ce n'est plus une guerre par procuration, c'est une guerre directe", a déclaré à l'AFP Erica Gaston, chercheuse à la New America Foundation.

Après les attaques de samedi soir, les Brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, ont appelé les forces de sécurité irakiennes à s'éloigner "d'au moins 1.000 mètres" des sites où sont présents des soldats américains à partir de dimanche à 17h00 (14h00 GMT).

Le Parlement irakien doit tenir dimanche une séance extraordinaire au cours de laquelle il pourrait voter l'expulsion des 5.200 militaires américains déployés en Irak.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a durement critiqué l'appel lancé par les Brigades du Hezbollah.

"Les voyous (des Brigades du Hezbollah) disent aux forces de sécurité irakiennes d'abandonner leur devoir de protéger (l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad) et d'autres endroits où des Américains travaillent côte à côte avec les courageux Irakiens", a tweeté le chef de la diplomatie américaine.

Mais "le peuple irakien veut se libérer du joug iranien", a écrit Pompeo.

L'Otan a suspendu ses opérations en Irak, et la coalition antijihadistes conduite par les Etats-Unis les a réduites tout en renforçant la sécurité des bases où sont déployés les Américains. Washington a déjà annoncé le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.

Samedi, les appels à la vengeance ont fusé au milieu des drapeaux américains en feu et des cris de "Mort à l'Amérique" dans des défilés de dizaines de milliers d'Iraniens en pleurs à Téhéran, ou d'Irakiens en noir et se frappant la poitrine en signe de deuil à Bagdad ainsi qu'à Kerbala et Najaf, deux villes saintes au sud de la capitale.

En présence du Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et de commandants du Hachd, ils ont accompagné dans la Zone verte ultrasécurisée les cercueils des dix hommes tués vendredi par un drone américain près de l'aéroport de Bagdad.

L'assassinat de Soleimani a créé un consensus rare contre les Etats-Unis dans un Irak secoué depuis des mois par une révolte contre le pouvoir et la mainmise de l'Iran.

Parce que Washington a "violé la souveraineté de l'Irak", le Hachd a appelé ses combattants à se "tenir prêts", et le leader chiite irakien Moqtada Sadr a réactivé sa milice dissoute après avoir harcelé l'occupant américain en Irak (2003-2011).

Depuis l'assassinat de Soleimani, la communauté internationale redoute la déflagration. Moscou et Paris ont appelé à ne pas "aggraver sérieusement la situation" au Moyen-Orient.

Justifiant l'ordre de tuer Soleimani, Donald Trump a assuré que le général iranien préparait des attaques "imminentes" contre des diplomates et des militaires américains.

L'ambassadeur iranien à l'ONU, Majid Takht Ravanchi, a dénoncé un "acte de guerre" appelant une réponse "militaire".

Mouhandis et les quatre autres Irakiens tués ont été enterrés dans la soirée à Najaf, dans le plus grand cimetière chiite du monde.

En Iran, une marée humaine a envahi dimanche matin les rues d'Ahvaz pour rendre hommage au général Soleimani, selon les images en direct de la télévision d'Etat. Le corps de l'officier est arrivé avant l'aube à l'aéroport de cette ville du sud-ouest de l'Iran.

L'assassinat du général Soleimani a été ordonné deux jours après l'attaque de l'ambassade américaine lors du cortège funéraire de 25 combattants des brigades du Hezbollah tués dans un autre bombardement américain.

Le 05/01/2020 à 07h41