Khairuldeen Makhzoomi, un étudiant irakien, était très excité, le 6 avril, après avoir assisté à une conférence où il a pu poser une question à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU. «J’ai appelé mon oncle à Bagdad pour le lui dire», raconte-t-il au New York Times.
En raccrochant, après avoir conclu la conversation par «Inch Allah», il s’aperçoit que la passagère assise devant lui sur ce vol qui doit relier Los Angeles à Oakland s’est retournée et le regarde fixement, puis quitte son siège.
«Je me suis dit: "Pourvu qu’elle ne soit pas allée me dénoncer", car son comportement était vraiment bizarre», se souvient-il. Effectivement, un employé parlant arabe s’avance vers lui et l’invite à le suivre hors de l’avion. «Il n’était pas très aimable. Dans la passerelle d’embarquement, il m’a demandé à qui je parlais au téléphone et pourquoi je parlais arabe.» «Il me parlait comme à un animal», raconte l’étudiant au New York Times.
Khairuldeen Makhzoomi ajoute ensuite avoir été fouillé en public, sous la surveillance de plusieurs policiers, puis conduit dans une pièce à part où il a été interrogé par trois agents du FBI. L’un d’entre eux lui explique alors qu’une passagère de l’avion l’aurait entendu parler de «martyrs» en arabe. «Je n’ai jamais prononcé ce mot, j’ai juste dit «Inch Allah», répond-il.
Huit heures de retard
Les agents le laissent finalement repartir. Après s’être fait rembourser son billet, il a finalement pu embarquer sur un vol d’une autre compagnie et gagner Oakland, avec huit heures de retard. La compagnie Southwest Airlines, contactée par le New York Times, déclare «regretter l’expérience négative vécue par un passager» et assure ne pas «prôner ou tolérer» la discrimination.
Khairuldeen Makhzoomi, qui n’a pas l’intention de porter plainte, dit cependant attendre des excuses de la part de la compagnie. «Tous les peuples ont une chose en commun: leur dignité, déclare-t-il. Si quelqu’un essaie de nous la retirer, on ne devrait pas se défendre par l’agression, mais par le savoir et l’éducation.»