L'heure n'est plus aux foules massées sur la colline du Congrès pour contester le résultat du scrutin comme cela fut le cas le 6 janvier 2021, jour de l'attaque. La lutte contre les supposées «fraudes massives» lors de la présidentielle de 2020, maintes fois réfutées par les autorités mais auxquelles des millions d'Américains croient dur comme fer, s'est insérée dans le quotidien, sur Facebook, entre amis et... dans les bureaux de vote.
«Les républicains se positionnent pour exercer une plus grande influence sur le déroulement et le dépouillement des élections», souligne Christopher Arterton, professeur à l'université George Washington.
«Si vous ne pensez pas que l'élection a été menée de manière honnête en 2020, vous avez toutes les raisons du monde de vouloir devenir un agent électoral», assure-t-il.
Sur les réseaux sociaux, Donald Trump continue à apporter de l'eau au moulin de ses fidèles, partageant avec abondance des montages dénonçant les supposées fraudes massives à la présidentielle de novembre 2020, qui l'auraient fait perdre face à Joe Biden.
«L'élection a été volée, partagez si vous êtes d’accord», exhorte ainsi une publication reprise par l'ex-président sur Truth Social, le réseau que Donald Trump a créé après avoir été banni de Twitter.
Panneaux, documentairesCette thèse, jamais démontrée, est encore martelée à chaque meeting de Donald Trump, qui en tient toutes les deux semaines. A ses rassemblements, où affluent toujours des milliers d'Américains, ses partisans brandissent des panneaux «Stop the Steal» («Stop au vol»), cri de guerre du mouvement né au lendemain de la présidentielle.
On y passe aussi la bande-annonce de «2000 mules», un documentaire qui avec des méthodes on ne peut plus douteuses prétend avoir la preuve d'une opération millimétrée où, contre dix dollars le bulletin, des personnes auraient été chargées de bourrer des urnes dans une série d'Etats américains décisifs pour la victoire de Joe Biden en 2020.
Ce film, dont les procédés ont sérieusement été mis en doute par de nombreux experts, est projeté dans des cinémas à travers le pays et fait un carton, avec plus de 1,4 million de dollars de recettes -signe qu'un an et demi après l'assaut du Capitole, qui a choqué par sa violence, ces théories du complot séduisent encore.
«Chasse aux sorcières»Jim Wood, militant trumpiste rencontré par l'AFP à Washington le 6 janvier 2021, fait partie de ceux qui épousent toujours ces théories.
La commission parlementaire qui enquête sur la responsabilité de Donald Trump dans l'assaut du Capitole? Rien de moins qu'une «chasse aux sorcières», assure ce sexagénaire, reprenant une des expressions préférées de l'ancien président.
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«Les démo-rats (sic) et Cheney et Kinzinger (les deux membres républicains de la commission parlementaire, NDLR) sont des lèche-cul de l’establishment», fustige-t-il.
Pour transformer sa colère en action, Jim Wood a rejoint un groupe Facebook qui promet de «protéger» les élections dans son Etat du New Hampshire et, là encore, de faire la lumière sur les prétendues fraudes de 2020.
Des initiatives comme celle à laquelle participe ce retraité pullulent à travers le pays, avec comme prochaine cible les élections législatives de mi-mandat en novembre, assure le professeur Christopher Arterton. «Je ne pense pas que ça disparaîtra de sitôt.»