«Vous pourrez sortir de cette salle d’audience en homme libre», a déclaré la juge Ramona V. Manglona à l’adresse de Julian Assange, au terme d’une rapide audience au tribunal fédéral américain de Saipan, dans les îles Mariannes du Nord, un petit territoire du Pacifique.
Conformément à un accord conclu avec la justice, l’ancien informaticien âgé de 52 ans, accusé d’avoir publié des centaines de milliers de documents confidentiels américains dans les années 2010, a plaidé coupable d’obtention et de divulgation d’informations sur la défense nationale. Il n’aura toutefois pas le droit de retourner aux États-Unis sans autorisation, a précisé le ministère américain de la Justice dans un communiqué.
«J’ai encouragé ma source», la militaire américaine Chelsea Manning, à l’origine de cette fuite massive, «à fournir du matériel qui était classifié», a reconnu mercredi à la barre un Julian Assange fatigué, mais visiblement détendu. «Aujourd’hui est un jour historique. Il met un terme à 14 années de batailles judiciaires», s’est félicitée l’une de ses avocats, Jennifer Robinson.
Une peine de 62 mois de prison
Le lanceur d’alerte a ensuite quitté les îles Mariannes à bord d’un avion privé, à destination de Canberra, la capitale australienne, où il est attendu dans la soirée. «La priorité est à présent que Julian retrouve la santé», «il est dans un état terrible depuis cinq ans», a souligné son épouse, Stella Assange, qui a dit ne pouvoir «cesser de pleurer» de joie depuis l’annonce de la remise en liberté.
«Nous croyons fermement que M. Assange n’aurait jamais dû être inculpé en vertu de la loi sur l’espionnage», a souligné Barry Pollack, son autre avocat. «Le travail de WikiLeaks se poursuivra et M. Assange, je n’en doute pas, continuera avec force son combat en faveur de la liberté d’expression et de la transparence».
Julian Assange avait quitté lundi le Royaume-Uni, où il était emprisonné depuis cinq ans, pour être jugé devant le tribunal fédéral de Saipan, après avoir accepté le principe d’un plaider-coupable. Aux termes de cet accord, il n’était plus poursuivi que pour le seul chef «complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale». Il a été condamné à une peine de 62 mois de prison déjà couverte par les cinq années purgées en détention provisoire.
Saga judiciaire
L’accord, qui met un terme à une saga judiciaire et diplomatique de près de 14 ans, est intervenu alors que la justice britannique devait examiner, les 9 et 10 juillet, un recours d’Assange contre son extradition vers les États-Unis, approuvée par le gouvernement britannique en juin 2022.
Les Nations unies ont salué cette libération, estimant que l’affaire avait soulevé «une série de préoccupations en matière de droits humains». Dans la première réaction officielle des États-Unis à l’accord, le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, a déclaré que s’agissant d’une affaire judiciaire en cours, il ne lui semblait «pas approprié de faire de commentaire à ce stade».