Le sommet de quatre heures, qui a réuni, le mercredi 15 novembre, le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping dans une résidence cossue à une quarantaine de kilomètres de San Francisco, a été «constructif et productif», selon la Maison Blanche.
Joe Biden a assuré que les deux hommes pourraient décrocher leur téléphone et se parler «directement et immédiatement» en cas de crise. Car la réunion, destinée à donner une impression de sérénité retrouvée, n’a évidemment résolu aucun différend de fond.
Le président Xi a certes accepté de prendre, selon les Américains, «un certain nombre de mesures conséquentes pour réduire considérablement les approvisionnements» en composants du fentanyl. Ce puissant opiacé de synthèse produit avec des composés chimiques venus notamment de Chine cause des dizaines de milliers d’overdoses chaque année aux États-Unis. Washington et Pékin ont aussi décidé de mobiliser un groupe d’experts pour discuter des risques liés à l’intelligence artificielle.
Taïwan, sujet de friction central
La rencontre va également déboucher sur une reprise des communications militaires de haut niveau, suspendues depuis plus d’un an, ont fait savoir les deux superpuissances. Toutefois, Xi Jinping ne veut surtout pas paraître affaibli, en particulier à propos de Taïwan. Le statut de l’île, dont Pékin revendique la souveraineté, et où se déroulera bientôt une élection présidentielle, reste un sujet de friction central.
Mercredi, Joe Biden a demandé à Xi de «respecter le processus électoral» et confirmé la ligne volontairement ambiguë des États-Unis: pas de soutien à l’indépendance, mais refus d’une prise de contrôle par la force. Le président chinois a de son côté exhorté son homologue à «cesser d’armer Taïwan», puisque la réunification est selon lui «inévitable», a indiqué une source de la diplomatie chinoise.
Washington attend aussi de la Chine, proche partenaire de l’Iran et de la Russie, qu’elle n’envenime pas les grandes crises internationales: le conflit entre Israël et le Hamas ainsi que la guerre en Ukraine. Les deux hommes ont eu une réunion avec leurs délégations respectives, puis un déjeuner de travail en petit comité et enfin cette promenade en tête-à-tête, clairement organisée pour les photographes et les caméras.
«Ni guerre chaude ni guerre froide»
Le président américain avait appelé, au début de la réunion, à gérer la rivalité de manière «responsable», pour «s’assurer qu’elle ne dégénère pas en conflit». «La Chine ne recherche pas de sphères d’influence, et ne livrera ni guerre chaude ni guerre froide à quelque pays que ce soit» a pour sa part assuré Xi Jinping plus tard, alors que Washington et Pékin se livrent une concurrence féroce, économique, technologique, stratégique et militaire.
Et s’il a permis de renouer le dialogue, le sommet du mercredi n’a pas pour autant dissipé les tensions. Ainsi, répondant à une question de journaliste juste après sa rencontre avec Xi Jinping, Joe Biden a déclaré qu’il considérait toujours le président chinois comme un «dictateur». Une description que la Chine a jugé, par la voix de Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, «extrêmement erronée», la qualifiant de «manipulation politique irresponsable».