L’Espagne lance une grande campagne de régularisation de la situation des migrants sans papiers. Elle profitera à plus de 300.000 migrants irréguliers par an sur une durée de trois ans, soit plus de 900.000 au total. Cette décision prise par le gouvernement espagnol a été publiée au Journal officiel de l’État du 20 novembre.
Elle a été saluée par plusieurs organisations professionnelles, qui en demandaient la mise en place depuis longtemps, notamment l’Union des petits agriculteurs et éleveurs (UPA). Cette dernière a activement participé à l’élaboration du nouveau règlement encadrant cette vaste opération, à travers diverses consultations avec le ministère de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations.
«Ce sont des revendications pour lesquelles nous nous battons depuis des années. Nous voulons que la population immigrée que nous avons dans les zones rurales espagnoles soit régularisée. L’objectif doit être l’intégration dans notre société», a déclaré l’UPA, citée par le site spécialisé Hortoinfo.
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Au-delà de l’inclusion sociale, c’est avant tout les besoins du marché du travail en Espagne qui motivent cette décision. Dans des secteurs tels que l’agriculture, l’hôtellerie ou les soins, traditionnellement confrontés à des pénuries de main-d’œuvre, cette réforme pourrait contribuer à combler les postes vacants avec des travailleurs déjà présents sur le territoire espagnol, souligne l’Union des petits agriculteurs et éleveurs (UPA).
Selon les données fournies par le gouvernement espagnol, le pays aurait besoin de recruter environ 250.000 à 300.000 travailleurs étrangers par an pour maintenir son niveau de vie.
Un visa d’un an pour la recherche d’emploi
La nouvelle réglementation introduit des modifications significatives dans le domaine des visas, qu’ils soient de courte ou de longue durée. Parmi les principales nouveautés figure l’extension de la durée du visa initial de recherche d’emploi, qui passe de trois mois à un an, avec la possibilité de le renouveler pour une période allant jusqu’à quatre ans. Par ailleurs, elle simplifie l’accès à une résidence de longue durée.
De plus, la plupart des autorisations prévues par ce règlement permettront désormais aux immigrés de travailler dès leur arrivée en Espagne, sans avoir à solliciter une première autorisation spécifique pour exercer une activité salariée. Cela inclut notamment les étudiants, qui pourront travailler jusqu’à 30 heures par semaine parallèlement à leurs études.
Améliorations pour le regroupement familial
Le regroupement familial a également été renforcé. Un permis de séjour spécifique a été créé pour les parents de citoyens espagnols, portant l’âge limite des enfants concernés de 21 à 26 ans. De plus, cette mesure intègre désormais les couples non formellement enregistrés, offrant ainsi une plus grande flexibilité dans les configurations familiales.
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La majorité des bénéficiaires de cette mesure sont des personnes ayant obtenu la nationalité espagnole au cours des dernières années et qui souhaitent faire venir leur famille, explique Hortoinfo.
Pour les activités saisonnières, une autorisation spécifique de séjour et de travail a été instaurée afin de simplifier à la fois les contractualisations individuelles et collectives. En outre, les droits des travailleurs saisonniers sont mieux protégés : ils doivent recevoir des informations claires et écrites concernant leurs conditions de travail, leur séjour, ainsi que les dépenses liées, selon la même source.
L’Union des petits agriculteurs et éleveurs (UPA), citée par le même site d’information, considère que ce règlement constitue une avancée majeure vers une politique migratoire plus inclusive et plus alignée sur les besoins économiques de l’Espagne. Cependant, elle souligne que le succès de cette réforme reposera sur une mise en œuvre efficace, une communication transparente et un équilibre entre les enjeux économiques, sociaux et humanitaires.