Une loi d’amnistie très controversée en faveur des indépendantistes condamnés ou poursuivis pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne de 2017 sera définitivement adoptée ce jeudi par le Parlement espagnol. Il reviendra au Congrès des députés, où le gouvernement de gauche de Pedro Sánchez dispose de la majorité grâce à l’appui des deux partis indépendantistes catalans, de donner force de loi à ce texte.
Les députés ont déjà adopté cette mesure le 14 mars par 178 voix contre 172 mais le Sénat, contrôlé par l’opposition de droite, y a mis son veto deux mois plus tard, renvoyant le texte à la chambre basse, qui aura donc le dernier mot.
La présidente du Congrès des Députés, la socialiste Francina Armengol, a ouvert la session à 09H00 locales (07H00 GMT), chaque groupe prenant la parole avant le vote, qui devrait avoir lieu dans la matinée.
Cette mesure d’amnistie, qui devrait bénéficier à environ 400 personnes -au premier rang desquelles Carles Puigdemont, en exil depuis 2017- est le fruit du compromis trouvé par Pedro Sánchez avec les deux partis indépendantistes catalans pour s’assurer le soutien de leurs 14 députés, sans lequel le chef du parti socialiste n’aurait obtenu une majorité au Parlement.
«Faire de la nécessité une vertu»
Le Parti populaire (PP), principale formation de l’opposition de droite, est vent debout contre cette loi d’amnistie, contre laquelle il a organisé de nombreuses manifestations, la dernière ayant réuni des dizaines de milliers de personnes dimanche à Madrid. Lors de cette manifestation, son dirigeant, Alberto Núñez Feijóo, a de nouveau sommé M. Sánchez de «retirer cette amnistie».
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Le porte-parole du PP au Congrès des députés, Miguel Tellado, a averti mardi que même après son adoption, le parti ferait tout pour abroger cette loi. Les responsables de l’opposition rappellent d’ailleurs que Pedro Sánchez lui-même avait exprimé son refus d’une amnistie pour les indépendantistes catalans durant la campagne pour les élections du 23 juillet, avant que l’arithmétique parlementaire ne le force à changer d’avis. «Il faut faire de la nécessité une vertu», a déclaré à plusieurs reprises M. Sánchez pour expliquer son revirement.
Délai de deux mois
Les élections régionales du 12 mai en Catalogne, qui ont vu le courant indépendantiste perdre la majorité absolue au Parlement catalan et enregistrer ses pires résultats depuis 40 ans, semblent toutefois avoir donné raison à M. Sánchez.
D’autant que la branche catalane du Parti socialiste est arrivée nettement en tête et que son chef, Salvador Illa, aspire logiquement à être le prochain président du gouvernement régional. Les résultats du scrutin du 12 mai montrent que la Catalogne a choisi «le chemin du pardon, abandonnant toute formule de rancœur», a affirmé M. Sánchez vendredi à Barcelone.