Mariano Rajoy, à la tête du gouvernement de 2011 à 2018, et José Maria Aznar, qui l'a été de 1996 à 2004, répondront via vidéo-conférence aux questions du tribunal de l'Audience nationale, chargé des affaires sensibles et qui siège pour ce procès à San Fernando de Henares, près de Madrid.
Appelée "caisse B" - du nom de la caisse alimentée pendant vingt ans par des dons d'hommes d'affaires et qui aurait notamment servi à verser des primes aux dirigeants et aux collaborateurs du PP -, cette affaire a pour protagoniste Luis Barcenas, l'ancien trésorier de la formation jusqu'en 2009.
Cet homme - qui avait pour habitude de tenir cette comptabilité scrupuleusement sur papier - a accusé Mariano Rajoy d'avoir reçu des fonds d'origine illégale avant de prendre la tête du gouvernement.
Enveloppes d'argent liquide"Je leur remettais l'enveloppe avec l'argent leur revenant", a-t-il déclaré début mars lors de ce procès, en affirmant, qu'outre Mariano Rajoy, sept autres personnalités ayant occupé des postes importants au sein du PP ou des portefeuilles ministériels sous Aznar puis Rajoy, figuraient parmi les bénéficiaires de ces paiements.
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Selon Luis Barcenas, ces versements devaient permettre à ces responsables de maintenir au sein du gouvernement le même niveau de rémunération que lorsqu'ils étaient députés du PP et cumulaient leur salaire d'élu et des frais de représentation.
L'ex-trésorier affirme par ailleurs avoir été l'objet d'une opération policière illégale destinée à récupérer des documents prouvant l'existence de cette comptabilité parallèle: une affaire dans l'affaire, dans laquelle un ancien ministre de l'Intérieur de Mariano Rajoy a été mis en examen.
Encourant 5 ans de prison dans ce procès, Luis Barcenas purge déjà une peine de 29 ans depuis sa condamnation en 2018 dans le cadre du méga-procès pour corruption "Gürtel".
La condamnation du PP et de plusieurs de ses cadres dans ce procès tentaculaire avait entraîné un séisme politique en Espagne et le renversement quelques jours plus tard de Mariano Rajoy à la suite du dépôt d'une motion de censure par l'actuel Premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
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Mariano Rajoy a toujours nié avoir été au courant de l'existence d'une caisse noire au sein du PP et l'avait même affirmé devant la justice en 2017, lorsqu'il était devenu le premier chef du gouvernement en exercice à témoigner lors d'un procès.
Il évitera mercredi une confrontation délicate avec Luis Barcenas, le tribunal ayant décliné cette demande de la défense de l'ancien trésorier du PP.
José Maria Aznar avait lui nié l'existence de toute comptabilité parallèle au sein du PP devant une commission parlementaire en 2018.
L'actuel président du PP, Pablo Casado, tente de prendre ses distances avec ces scandales et a même décidé de déménager le siège du parti, dont la rénovation aurait été, selon la justice, en partie financée grâce à la "caisse B".










