Les régionales organisées en Galice (nord-ouest) et au Pays basque (nord) étaient très attendues, beaucoup espérant qu'elles feraient apparaître un nouveau rapport de force entre les partis, incapables de trouver un accord pour doter l'Espagne d'un nouveau gouvernement.
Des législatives en décembre 2015 puis en juin ont effet débouché sur une fragmentation du Parlement entre quatre grandes forces, qui rend l'Espagne difficilement gouvernable: le PP, le Parti socialiste (PSOE), Podemos et le parti de centre Ciudadanos n'arrivent pas à s'allier.
Le PP est le premier parti avec 33% des suffrages mais il fait face au véto des socialistes de Podemos et des indépendantistes basques et catalans qui refusent d'investir à nouveau M. Rajoy, au pouvoir depuis fin 2011.
Mais dimanche soir sa formation a tiré davantage son épingle du jeu que son traditionnel adversaire socialiste.
En Galice, région de naissance de Mariano Rajoy, le PP est arrivé en tête et a conservé sa majorité absolue au parlement régional avec 41 sièges sur 75, selon des résultats portant sur plus de 99% des suffrages.
Au Pays basque, avec 100% des bulletins dépouillés, le PP arrivait en cinquième position avec seulement neuf sièges sur 75, perdant un élu dans cette région fortement indépendantiste et nationaliste.
Le résultat reste favorable au regard de la déconfiture du Parti socialiste dépassé par Podemos qui l'a relégué à la quatrième place.
En Galice aussi le Parti socialiste est au coude à coude avec "En Marea", l'allié local de Podemos en Galice, à la deuxième place.
Le mauvais résultat de dimanche pour le PSOE pourrait donc accroître la pression sur ce parti pour qu'il lève son véto et laisse M. Rajoy gouverner.
Le Parti socialiste est en pleine crise.
Les partisans de son chef Pedro Sanchez espèrent en effet encore susciter une coalition de gauche pour remplacer le cabinet de M. Rajoy.
Mais plusieurs dirigeants régionaux refusent l'alliance avec Podemos, trop à gauche, et d'autres craignent qu'il ne faille aussi s'allier aux indépendantistes et mettre en danger l'unité de l'Espagne. Ceux-là préfèrent l'abstention.
Les proches de M. Sanchez craignaient de leur côté qu'il soit renversé par ses ennemis en cas de mauvais résultat, même s'il jouit du soutien de la base.
Au siège du parti à Madrid le silence règnait dimanche soir jusqu'à près de minuit où un porte-parole, Cesar Luena, a lu à la presse un court communiqué dans lequel il a admis que les résultats n'étaient "pas bons".
"Le PSOE s'effondre ici et en Galice et devrait noter le message des urnes, ce que disent les Espagnols, les basques et les galiciens", a déclaré l'ancien ministre de la Santé conservateur Alfonso Alonso, chef de liste au Pays basque.
Loin des querelles nationales, le Pays basque a aussi semblé s'éloigner encore de Madrid, cinq ans après l'abandon de la violence par l'organisation armée et séparatiste ETA, le 20 octobre 2011.
Les forces nationalistes et indépendantistes étaient en effet largement en tête.
Le Parti nationaliste basque (conservateur) au pouvoir, aurait 29 sièges sur 75 selon des résultats presque définitifs. Il serait suivi du parti de gauche indépendantiste EH Bildu (17). Elkarrekin Podemos - branche locale de Podemos - ferait une entrée remarquée au Parlement basque, avec 11 sièges. Ce parti défend aussi le droit à l'autodétermination.
Le chef emblématique de EH Bildu Arnaldo Otegi a salué le résultat dimanche soir, notamment en adressant un message de soutien aux membres de l'ETA encore en prison en France et en Espagne.
A Madrid les partis ont jusqu'au 31 octobre pour investir un nouveau gouvernement et éviter ainsi la tenue de nouvelles législatives, les troisièmes en un an, ce qui serait un record historique.
Une réunion cruciale de la direction du PSOE est prévue samedi pour fixer sa position sur le blocage politique après ces scrutins régionaux.